De nouveaux combats secouaient Alep, deuxième ville de Syrie où les quartiers rebelles étaient mitraillés par des hélicoptères mardi, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Au total, 80 personnes, dont 49 civils, ont été tuées dans le pays, selon un bilan provisoire de cette ONG. Parmi les victimes figurent sept civils, dont six enfants, tués dans les bombardements de Hirak dans la région de Deraa (sud).

«Où êtes-vous musulmans? Que le monde entier voit ce massacre en plein ramadan!», s'exclame, furieux, un homme montrant des corps inertes d'enfants, le visage ensanglanté.

«Ne craignez-vous pas Dieu? Bachar, j'espère que tes enfants subiront le même sort», s'écrie-t-il encore à l'adresse du président syrien Bachar al-Assad sur une vidéo diffusée par l'OSDH.

À Alep, «des combats se déroulent entre les rebelles et les troupes régulières dans les quartiers de Soukkari et à la périphérie de Salaheddine», indique l'ONG.

Un responsable du conseil militaire rebelle syrien a affirmé lundi à l'AFP que les insurgés avaient «libéré» plusieurs quartiers d'Alep, notamment Salaheddine, l'armée continuant de bombarder ces secteurs de l'extérieur.

Les quartiers de Kadi Askar, Bab al-Hadid, al-Katergi et Karam al-Jabal étaient mitraillés par les hélicoptères, d'après l'OSDH.

Selon le quotidien al-Watan, proche du régime, des centres commerciaux à Alep, poumon économique du pays, ont fermé leurs portes en raison «des évènements regrettables» qui se produisent dans certains secteurs.

«Jusqu'à présent, un tiers des centres commerciaux, soit six, ont fermé à Alep», indique le quotidien.

Alors que les combats s'intensifiaient à Alep (nord) et qu'à Damas l'armée régulière semblait avoir conforté ses positions, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a estimé qu'il n'était «pas trop tard» pour le président syrien Bachar al-Assad d'amorcer une transition du pouvoir.

Par ailleurs, huit détenus ont été tués dans la nuit de lundi à mardi dans la répression d'une mutinerie dans la prison centrale d'Alep, selon le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition au régime de Bachar al-Assad.

À Damas, alors que l'armée syrienne contrôle depuis trois jours la plus grande partie de la capitale, des accrochages se déroulent toujours dans deux quartiers dans le sud, Hajar el-Aswad et Qadam, notamment « dans les rues où sont encore retranchés les rebelles », d'après l'OSDH. Des obus se sont abattus sur Hajar el-Aswad notamment.

«Depuis que l'armée a lancé une contre-offensive (pour reprendre les quartiers rebelles) il y a trois jours, il n'y a plus eu d'attaque de rebelles», a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

«Les quartiers de Mazzé (ouest), Barzé (nord-est) et Midane (sud) sont sous le contrôle militaire total de l'armée, mais il y a des arrestations quotidiennes», précise-t-il.

Selon lui, outre Hajar el-Aswad et Qadam, des accrochages se déroulent à al-Aassali et Nahr Aïché, également dans le sud de la capitale, mais avec une moindre intensité.

Ailleurs dans le pays, la localité rebelle de Rastane dans la région de Homs (centre) était pilonnée ainsi que des localités de la montagne kurdes dans la région de Lattaquié (nord-ouest).

Selon l'OSDH, ces localités étaient pilonnées «avec cinq à sept obus par minute», soit «le bombardement le plus violent depuis le début des opérations militaires dans cette région que l'armée tente de reprendre».

Pas de départ négocié pour Assad

Le régime a rejeté sans surprise une proposition arabe d'un départ négocié du président Assad pour mettre fin aux violences qui ont fait plus de 19 000 morts en 16 mois de révolte, selon l'OSDH.

Le Conseil national syrien (CNS) a nié être disposé à accepter qu'une «personnalité du régime» dirige le pays durant une période de transition, comme l'avait affirmé plus tôt un porte-parole de cette principale instance de l'opposition.

Un haut responsable militaire de l'Iran, le général Massoud Jazayeri, a prévenu que les «amis de la Syrie ne permettront pas» un changement de régime à Damas.

Dans ce contexte, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, est arrivé à Damas alors que la mission de supervision de l'ONU en Syrie (MISNUS) a été prolongée vendredi pour une «ultime période de 30 jours».