La coalition d'opposition tunisienne a annoncé samedi qu'elle proposera la semaine prochaine un gouvernement composé d'indépendants pour sortir le pays de la crise politique déclenchée par l'assassinat d'un opposant et arracher la démission du cabinet dirigé par les islamistes.

«Le Front de salut national va continuer de travailler sur le gouvernement de salut national et faire la semaine prochaine ses propositions sur les personnalités indépendantes le composant. Le Front établira aussi une feuille de route bien précise», a expliqué à l'AFP Karima Souïd, député du parti Massar et membre de cette alliance hétéroclite qui réunit des mouvements allant de l'extrême gauche au centre droit.

Elle a aussi souligné que toute négociation avec le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, avait pour «préalable» la démission du cabinet dirigé par Ali Larayedh.

«Il ne peut y avoir de discussion sans mise en place d'un gouvernement de salut national, ce n'est pas négociable», a estimé Mme Souïd, assurant que les opposants n'avait eu aucun contact direct avec Ennahda.

Le mouvement islamiste s'était dit la semaine dernière prêt au dialogue après que le président de la Constituante eut gelé les travaux de cette assemblée pour forcer les deux camps à dialoguer.

Les partisans de l'opposition ont continué de se mobiliser par centaines ces derniers jours au Bardo, dans la banlieue de Tunis où siège la Constituante, un mouvement de contestation quotidien depuis l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi le 25 juillet attribué à la mouvance salafiste.

La mobilisation est néanmoins en forte baisse par rapport à la grande manifestation du 6 août qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes.

L'opposition veut relancer la mobilisation en organisant une nouvelle grande manifestation le 13 août, qui marque l'anniversaire de la promulgation du code du statut personnel en 1956, octroyant aux Tunisiennes des droits sans pareil dans le monde arabe, sans pour autant consacrer l'égalité. Les islamistes au pouvoir sont régulièrement accusés de vouloir revenir sur les acquis des Tunisiennes.

Elle juge le gouvernement islamiste responsable de l'essor de la mouvance salafiste dont les actions violentes déstabilisent régulièrement le pays depuis la révolution de janvier 2011.

La Tunisie est aussi toujours privée de Constitution, faute de consensus sur son contenu près de deux ans après l'élection de la constituante.