Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, dont le départ du pouvoir est prévu en février, a annoncé samedi à la presse qu'il allait se rendre «dans les prochains jours» aux États-Unis pour un séjour, au terme duquel il reprendrait l'action politique en tant qu'«opposant».

«Je me rends dans les prochains jours aux États-Unis non pas pour des soins car je me porte bien, mais pour faciliter l'action du gouvernement d'entente nationale et la tenue de l'élection présidentielle anticipée», prévue le 21 février au Yémen, a déclaré M. Saleh lors d'une conférence de presse à Sanaa.

Il a ajouté qu'au terme de son séjour, dont il n'a pas précisé la durée, il rentrerait au Yémen pour reprendre ses activités politiques en tant qu'«opposant».

«Je mènerai l'action politique au sein de mon parti en tant qu'opposant», a dit M. Saleh dont le parti, le Congrès populaire général (CGP), partage à parité avec l'opposition les portefeuilles au sein d'un gouvernement d'entente nationale, en charge depuis le 10 décembre de la transition au Yémen.

M. Saleh, blessé dans une attaque à la bombe contre son palais à Sanaa le 3 juin et hospitalisé dès le lendemain dans la capitale saoudienne, a besoin d'un traitement médical «important» qui l'obligera à se faire soigner à l'étranger, avait affirmé mercredi l'émissaire de l'ONU au Yémen, Jamal Benomar.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait indiqué en novembre que le président yéménite se rendrait à New York pour y subir des soins.

M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, est vivement contesté dans la rue depuis fin janvier et reste décrié pour la répression qui a fait des centaines de morts.

Le 23 novembre, après des mois de tergiversations, il a signé à Ryad un accord de transition politique prévoyant qu'il quitte le pouvoir au terme d'une présidentielle anticipée, convoquée pour le 21 février, en échange d'une immunité pour lui-même et pour ses proches.

En vertu de cet accord, M. Saleh a remis le pouvoir à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, un homme de consensus, qui devra être le seul candidat au prochain scrutin pour un mandat présidentiel de deux ans.

Mais l'immunité accordée au président est très contestée par les jeunes protestataires qui ont organisé une marche à pied de Taëz, deuxième ville du Yémen, jusqu'à Sanaa, distante de 270 km.

Sept de ces protestataires ont été tués et des dizaines d'autres blessés samedi lorsque les forces de sécurité, dirigées par des proches du chef de l'État, et des hommes armés ont ouvert le feu sur la marche à l'entrée sud de Sanaa, selon des témoins et des sources médicales.

L'accord de Ryad, élaboré par les monarchies du Golfe, a fait l'objet de laborieuses négociations conduites avec notamment l'assistance de l'ONU, des Etats-Unis et de l'Union européenne.