Plusieurs centaines de manifestants, des jeunes en majorité, ont participé dimanche à un rassemblement éclair devant le Parlement marocain à Rabat pour réclamer «un État de droit» et des réformes politiques et sociales «radicales» au Maroc.

Les manifestants répondaient à un appel lancé via Facebook, soutenu par des militants de défense des droits de l'homme. Ils se sont rassemblés dans le centre de la capitale marocaine avant de se diriger vers le Parlement où ils se sont figés pendant quelques minutes, faisant le V de la victoire.

À Casablanca, plusieurs centaines de personnes, selon un journaliste de l'AFP, se sont réunies sans incident sur la place Mohammed V, dans le centre-ville, portant des pancartes avec les mots «dignité», «justice sociale», «non au cumul du pouvoir et de la fortune».

Dans la foule se trouvaient de nombreux membres de l'important mouvement islamiste Justice et Bienfaisance, une organisation non reconnue, mais tolérée, qui a récemment appelé à un «changement démocratique urgent» au Maroc.

Un autre rassemblement d'une centaine de manifestants a eu lieu à Tanger, dans le nord du Maroc. Les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser un groupe de jeunes venus perturber la manifestation, selon les autorités locales.

«Nous ne voulons pas de réformes ponctuelles, nous voulons un changement radical», affirmait Kamilia Raouyne, une étudiante de 20 ans venue manifester à Rabat, portant sur la poitrine une pancarte avec les mots «la femme», un morceau de scotch représentant un bâillon sur les lèvres.

La jeune fille voulait attirer l'attention sur la condition des femmes au Maroc, expliquant que «le mariage des mineurs est toujours autorisé, que la polygamie existe toujours, que le travail des femmes est moins payé que celui des hommes».

«Nous voulons un État de droit, une Constitution qui respecte les droits de l'homme», lançait un autre manifestant, Ali Ayman, étudiant en art dramatique de 20 ans.

Le rassemblement était convoqué par le mouvement de jeunes à l'origine des manifestations qui ont rassemblé des milliers de personnes à travers le pays le 20 février, les premières au Maroc depuis le début des révoltes qui secouent le monde arabe.

Le même mouvement a appelé à une nouvelle journée nationale de manifestations le 20 mars pour réclamer «plus de démocratie» et un changement de constitution qui limite les pouvoirs du roi.

De nombreux militants des droits de l'homme, en particulier de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), participaient à la manifestation de Rabat.

«À la différence de la Tunisie, nous avions déjà au Maroc une expérience de la rue. Le fait nouveau aujourd'hui est que tout le monde pose le problème politique, du pouvoir, et plus seulement du social», expliquait Saddik Lahrach, un militant de Forum marocain pour la vérité et la justice, ancien prisonnier politique sous le règne d'Hassan II.

Après les manifestations du 20 février, le pouvoir marocain avait affirmé avoir «saisi le message».

Le roi Mohammed VI, lors d'une rencontre la semaine dernière avec des délégués syndicaux, a assuré que des réformes seraient mises en oeuvre. Mais ni le contenu ni le calendrier de ces réformes n'ont été annoncés.