À trois jours de sa prestation de serment, Barack Obama est arrivé à Washington samedi soir, après un périple symbolique entamé en matinée à Philadelphie.

Comme il l'a fait à maintes reprises pendant la campagne électorale, le président désigné s'est inspiré d'Abraham Lincoln, qui a libéré les Noirs de l'esclavage en 1863. À l'instar du «grand émancipateur», il a franchi en train les 225 km qui séparent le berceau de l'indépendance américaine de la capitale.

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En arrivant à la gare de Washington, peu avant 19 h, Barack Obama a terminé un périple de deux ans vers la Maison-Blanche. Il a aussi marqué le coup d'envoi des festivités entourant sa prise du pouvoir. Des dizaines de milliers de personnes ont bravé un mercure qui avoisinait les -15 oC pour acclamer celui qui deviendra, mardi, le 44e président des États-Unis.

Cet accueil triomphal contrastait avec les sévères mises en garde du futur président, qui a appelé les Américains à se retrousser les manches face à des défis colossaux. Le pays, a-t-il souligné, est dépendant du pétrole, il est aux prises avec une récession, deux guerres, et les changements climatiques. Obama s'attend à des «jours difficiles».

«Rarement dans notre histoire une génération a fait face à d'aussi importants défis», a-t-il déclaré devant des centaines de partisans réunis à la 30th Street Station, à Philadelphie.

Barack Obama a appelé les Américains à surmonter leurs préjugés, l'idéologie et l'étroitesse d'esprit. Autre clin d'oeil aux pères fondateurs, il les a carrément invités à adopter une «nouvelle Déclaration d'indépendance».

«Nos problèmes sont peut-être nouveaux, mais ce qu'il faut pour les surmonter ne l'est pas, a-t-il affirmé. Nous avons besoin de la même persévérance, du même idéalisme qui ont inspiré nos fondateurs.»

Accompagné de sa femme, Michelle, dont c'était le 45e anniversaire, et de ses filles, Malia et Sasha, le futur président a salué la foule avant de monter à bord du train. Il a voyagé dans un wagon privé construit en 1939 qui a déjà transporté les présidents George Bush père et Bill Clinton.

Le cortège a mis sept heures pour parcourir un trajet qui n'en prend d'ordinaire que deux. L'«Obama Express» s'est ébranlé peu après 11 h 30. Malgré le froid mordant, des centaines de personnes s'étaient massées le long de la voie ferrée pour saluer le passage du nouveau président, agitant des bannières étoilées tandis que le train prenait de la vitesse.

Vers midi, le convoi d'une dizaine de wagons, remplis de journalistes et de gardes du corps, a ralenti à Claymont, au Delaware, où a grandi le vice-président désigné, Joseph Biden. Obama est sorti à l'arrière du train pour saluer le millier de personnes qui l'attendaient.

Au cours d'un arrêt à Wilmington, où il a été accueilli par son vice-président, Obama a une fois de plus averti les électeurs que le pays est en crise et que le gouvernement devra trimer dur pour faire renaître un rêve américain « qui semble s'évaporer ». «Le temps est venu de nous relever une fois encore», a-t-il déclaré.

À Baltimore, plus de 26 000 personnes ont fait fi de la température pour entendre le président désigné dans un parc près de l'hôtel de ville. Le passage d'Obama dans la capitale du Maryland contrastait avec celui de son illustre prédécesseur dans les mêmes circonstances, 148 ans plus tôt : Abraham Lincoln était passé en secret, car on craignait qu'il soit assassiné.

Sécurité imposante

Le président désigné a été escorté par un imposant cortège de sécurité. Des corps policiers de 40 villes et États ont été mobilisés pour protéger Obama au sol. La garde côtière a patrouillé les cours d'eau et les autorités de l'aviation civile ont imposé de sévères restrictions au-dessus du tracé qu'a emprunté le futur président.

Près de deux millions de personnes sont attendues dans les rues de Washington, mardi, pour la cérémonie d'assermentation. Les autorités fermeront les ponts ainsi que des dizaines de rues du centre-ville.

Une kyrielle de célébrités prendront part aux célébrations. Même si les organisateurs ont récolté des millions en vendant les droits de télédiffusion, la fête pourrait coûter jusqu'à 150 millions, selon certaines estimations. Ce sera l'intronisation la plus coûteuse de l'histoire des États-Unis.

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