Pour protester contre les raids dans la bande de Gaza, le gouvernement syrien a annoncé hier la suspension des pourparlers indirects de paix avec Israël. Au coeur des négociations, reprises en mai par l'entremise de la Turquie, se trouve le plateau du Golan, disputé par les deux pays. Notre journaliste s'est rendue dans la région en novembre dernier.

«Je suis né ici et je mourrai ici», affirme Tzion Malka, un restaurateur israélien de 32 ans rencontré à Qatzrin, la capitale du Golan. Si l'État hébreu cède la région à la Syrie, il «résistera par la force», assure-t-il sans ciller.

 

La région maraîchère du Golan, au nord-est d'Israël, est disputée par les deux pays depuis la guerre des Six Jours en 1967. Jérusalem a alors occupé ce territoire stratégique d'un point de vue militaire. Le Golan a été officiellement annexé en 1981, une annexion déclarée «nulle et non avenue» par les Nations unies.

En échange du plateau du Golan, Israël demande la paix avec son voisin syrien. Jérusalem exige aussi la rupture des liens entre Damas et Téhéran. L'enjeu est de taille pour l'État hébreu, qui craint que l'Iran ne possède l'arme nucléaire.

Les négociations sont maintenant compromises par les raids sur la bande de Gaza, que la Syrie condamne.

Impopulaire

La rétrocession reste très impopulaire parmi la population du Golan, qui fait pression auprès des politiciens pour rendre l'idée caduque.

«Notre position, c'est qu'aucune communauté ne devrait souffrir d'un traité de paix», dit la porte-parole du Comité des habitants du Golan, Ramona Bar-Lev. «Nos vies ne sont pas sur la table des négociations. La menace de guerre va toujours exister de toute façon», ajoute-t-elle. Elle ne croit pas que la Syrie puisse devenir un jour l'alliée d'Israël, avec ou sans le Golan.

Aujourd'hui, 18 000 Israéliens et 17 000 Druzes vivent dans la région, souvent perçue comme vitale pour Israël. Le plateau du Golan, riche en eau, répond au tiers des besoins hydrauliques du pays. Les fruits et légumes y sont cultivés et exportés en grande quantité, tout comme le vin. L'endroit est aussi prisé des touristes, qui viennent visiter ses nombreux vignobles et ses réserves naturelles. Selon Shmuel Hazan, président de l'office de tourisme du Golan, 2,1 millions de personnes visitent la région chaque année. Quelque 70% d'entre eux sont israéliens.

Une paix souhaitable

Même si le Golan est un moteur économique important, le professeur Moshe Ma'oz, de l'Université hébraïque de Jérusalem, continue de croire que sa rétrocession est souhaitable. «L'enjeu de l'eau n'est pas si important. Si la Syrie consent à la paix, cela jettera les bases d'une coopération entre les deux pays pour l'accès à l'eau et à l'agriculture. Les raisons économiques ne doivent pas primer la solution politique», explique-t-il. La menace nucléaire que brandit l'Iran est plus à craindre selon lui que la perte de terres fertiles.

La perspective de la rétrocession a toujours plus ou moins plané au-dessus de la tête des habitants du Golan. En 2000, les deux pays étaient presque arrivés à un arrangement qui a finalement échoué.