(Port-au-Prince) Les assauts répétés d’un gang contre les habitants d’un quartier de la capitale haïtienne Port-au-Prince ont fait 30 morts, dont 2 policiers, 4 disparus et plus d’une dizaine de blessés, selon le bilan provisoire d’une organisation de défense des droits humains.

Depuis mardi, des milliers d’habitants ont fui le quartier de Carrefour-Feuilles, quartier stratégique pour les gangs, qui contrôlent une grande partie de ce pays pauvre ravagé par l’insécurité.

Le gang à l’origine de l’attaque, dirigé par Renel Destina (ou Ti Lapli), a pillé et incendié des maisons. Certaines des victimes ont été tuées à l’arme automatique.

Le bilan des violences à Carrefour-Feuilles a été fourni à l’AFP par le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). « Ces données ont été compilées après les témoignages des parents et proches des victimes que nous avons rencontrés », a expliqué le directeur exécutif du RNDDH, Pierre Espérance.

Une habitante, Dominique Charles, a confié à l’AFP avoir perdu sa mère, son beau-père, son fils de 18 ans, deux sœurs et un frère dans ces attaques.

« Les assaillants ont attaqué notre maison à l’aide de cocktails Molotov. J’ai pu m’enfuir mais les autres membres de la famille n’ont pas eu cette chance », a-t-elle déclaré en venant témoigner au siège du RNDDH.

Depuis le début de la semaine, ces violences ont provoqué la fuite de plus de 5000 personnes selon Jerry Chandler, directeur général de la Protection civile haïtienne.

Ils ont quitté Carrefour-Feuilles à pied, à moto ou entassés dans des voitures, certains essayant d’emporter une poignée d’affaires personnelles, une valise sur la tête ou des matelas sur le toit de la voiture. Parmi eux, « des femmes, des enfants, des vieillards », a expliqué Jerry Chandler.

Ces milliers de déplacés ont trouvé refuge dans des établissements scolaires ou dans un centre sportif, d’autres dans la rue, avec ou sans tentes de fortunes pour s’abriter. Les autorités ont annoncé jeudi avoir commencé à distribuer des plats chauds et de l’eau potables aux sinistrés.

Haïti est englué depuis des années dans une profonde crise économique, sécuritaire, et politique, qui a renforcé l’emprise des gangs. Ces bandes armées contrôlent environ 80 % de la capitale haïtienne et les crimes violents sont fréquents.