(Hamilton) Les Bermudes évaluaient les dégâts vendredi après le passage au large la nuit précédente de l’ouragan Fiona, qui a causé inondations et coupures de courant dans cet archipel de l’océan Atlantique, et se dirige à présent vers le Canada.

Dans son dernier bulletin, le Centre national des ouragans basé à Miami aux États-Unis (NHC) a de nouveau classifié Fiona en ouragan de catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson (qui en compte 5), après l’avoir rétrogradé en catégorie 3 à son approche des Bermudes.

« Bien qu’un affaiblissement graduel est prévu », Fiona devrait être un « puissant cyclone », lors de son passage au Canada. A 18 h GMT (14 h HAE), l’ouragan se situait à 770 km d’Halifax en Nouvelle-Écosse.

Les Bermudes ont été secouées tôt vendredi par des rafales à 160 km/h et des pluies violentes. Mais après avoir semé la destruction dans les Caraïbes, Fiona est passé à quelque 160 km au large de ce territoire britannique, sans qu’aucune victime ou de dégât majeur ne soit à déplorer.

Dans ce tout petit archipel de 64 000 habitants et 54 km2, le NHC avait prévu de fortes pluies, jusqu’à 100 mm, et « de grandes vagues destructrices ».

29 000 foyers sans électricité

« Nous ne sommes pas hors de danger. N’empruntez pas les routes », a averti le premier ministre David Burt dans un tweet.

PHOTO SEBASTIEN VUAGNAT, AGENCE FRANCE-PRESSE

En raison de sa situation géographique, l’île principale a pris les préparatifs au sérieux même si elle ne s’attendait pas forcément à de vastes dégâts.

Le fournisseur d’électricité Belco a rapporté que 29 000 des 36 000 foyers étaient sans courant vendredi après la tempête.

Le régiment royal des Bermudes et Belco ont affirmé qu’ils attendraient que les vents faiblissent avant de dégager les routes et de rétablir le courant.

Des habitants ont eux posté sur les réseaux sociaux des images d’inondations et de lignes de courant tombées au sol.

« Ce matin (vendredi), il y a beaucoup de vent à l’extérieur », a déclaré à l’AFP Jason Rainer, propriétaire d’un magasin de souvenirs dans la capitale Hamilton. « On a eu quelques petits dégâts sur nos locaux, mais rien de grave », a-t-il déclaré, soulignant que quelques portes et fenêtres avaient été sorties de leurs gonds.

Isolé

Jeudi soir, face aux bourrasques et aux vagues de plus en plus puissantes, les habitants, après avoir rangé chaises longues et parasols et calfeutré les devantures des magasins suite à l’alerte à l’ouragan des autorités, s’étaient réfugiés chez eux à la tombée de la nuit.

Le territoire, situé à un millier de kilomètres des États-Unis et habitué aux ouragans, est l’un des lieux les plus isolés du monde, ce qui rend toute évacuation quasi impossible en cas d’urgence.

« On doit vivre avec parce qu’on habite ici », a expliqué JoeAnn Scott, qui travaille dans un commerce à Hamilton. Les habitants « tentent de le prendre comme ça vient. Et prient », a-t-elle ajouté.

En raison de sa situation géographique, l’île principale a donc pris les préparatifs au sérieux.

Les Bermudiens ont stocké de la nourriture, des bougies, et certains ont rempli des seaux avec l’eau de leurs réservoirs.  

L’île ne comptant pas de source d’eau douce, tous les bâtiments ont des réservoirs pour stocker l’eau de pluie, raccordés aux maisons par un système électrique. Les coupures de courant étant possibles pendant les tempêtes, les habitants remplissent souvent leurs baignoires ou des seaux en prévision.

Immeubles et maisons doivent en outre respecter ici des règles de construction strictes pour résister aux tempêtes.

« Les constructions sont vraiment faites pour durer, et nous ne voyons jamais la dévastation que les Caraïbes vivent au fil des ans », a dit Elaine Murray, qui aidait son mari à poser des plaques de métal sur leur commerce à Hamilton avant le passage de l’ouragan.  

État d’urgence dans les Caraïbes

Fiona a provoqué la mort de quatre personnes à Porto Rico, territoire américain, selon un responsable cité par les médias. Un décès a été rapporté en Guadeloupe (France) et deux en République dominicaine.

Le président américain Joe Biden a déclaré l’état d’urgence à Porto Rico, qui se remet à peine du passage de l’ouragan Maria il y a cinq ans.  

La Fema, l’agence fédérale américaine de gestion des catastrophes naturelles, compte envoyer des centaines de membres supplémentaires de son personnel à Porto Rico, qui a subi coupures massives de courant, glissements de terrain et inondations.

En République dominicaine, le président Luis Abinader a déclaré l’état de catastrophe naturelle dans trois provinces de l’Est.