(La Havane) Berta Soler, dirigeante du mouvement dissident cubain Damas de Blanco (les Dames en blanc), et son mari Angel Moya, ont été libérés dimanche soir après avoir été arrêtés plus tôt dans la journée en sortant de leur maison, également siège du mouvement, a-t-on appris auprès d’une de leurs proches.

« Ils l’ont relâchée à 19 h 20 et lui à 19 h 25 (0 h 20 et 0 h 25 GMT) », a déclaré Marta Beatriz Roque, militante en faveur des droits humains et seule femme emprisonnée à la suite du « printemps noir » de 2003.

Cette militante a précisé que Mme Soler avait été auparavant conduite à l’hôpital, où un médecin de garde lui a fait un certificat médical confirmant son absence de blessures. Il y a une semaine, lors d’une arrestation similaire, « ils ont beaucoup frappé Moya et ils avaient porté plainte », a-t-elle expliqué.

Mme Roque avait auparavant confirmé à l’AFP l’arrestation des deux dissidents alors qu’ils se préparaient à gagner une église de La Havane.

Mme Soler et son mari, lui-même un des 75 prisonniers politiques arrêtés en 2003, voulaient par ce geste protester contre la détention des participants au mouvement de protestation du 11 juillet et en souvenir de la naissance de Laura Pollán, une autre « Dame en blanc » décédée en 2011.

« Pour la première fois neuf Dames en blanc sont arrivées dans différentes églises », manière pour elles de manifester à Cuba où toute forme de protestation est réprimée, avait également précisé Mme Roque.

Le 23 janvier dernier, Mme Soler et deux autres membres de son mouvement avaient déjà été arrêtées alors qu’elles se préparaient à aller à l’église de Santa Rita à La Havane, avant d’être libérées quelques heures plus tard.

Plusieurs mères et proches de manifestants arrêtés après les manifestations du 11 juillet se sont rapprochés du mouvement dissident des Dames en blanc.

Aux cris de « liberté » et « nous avons faim », des milliers de personnes avaient manifesté le 11 juillet dans près de 50 villes cubaines. Une personne avait été tuée et des dizaines blessées au cours de ces manifestations. Selon le gouvernement, à la fin du mois de janvier, 790 personnes, dont 55 mineurs de moins de 18 ans, avaient été inculpés et 172 autres condamnées.  

L’ambassade des États-Unis a protesté dimanche contre ces poursuites judiciaires à l’encontre de mineurs. « Est-ce qu’un enfant de 16 ans peut comprendre ce que signifie le concept de sédition au point d’en être accusé ? », s’est interrogée l’ambassade sur son compte Twitter.

L’opposition n’est pas légale à Cuba et les dissidents, arrêtés fréquemment pour de courtes périodes de temps, sont considérés par le régime communiste comme des mercenaires à la solde des États-Unis.