(Paris) Le gouvernement français a décrété mercredi l’état d’urgence sanitaire dans plusieurs territoires d’Outre-mer, comme la Guadeloupe et la Guyane, en raison de l’« augmentation considérable » des cas de COVID-19 sous l’effet du variant Omicron.

Sont aussi concernés Mayotte, Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

La Réunion et la Martinique sont de leur côté déjà en état d’urgence sanitaire depuis le 27 décembre, une procédure qui permet « aux préfets de prendre des mesures d’interdiction de déplacement hors du domicile ».

« Compte tenu des capacités hospitalières de ces territoires et de la couverture vaccinale de leur population, la vague épidémique actuelle de COVID-19 constitue une catastrophe sanitaire mettant en péril […] la santé de la population », affirme le décret présenté en conseil des ministres.

En Guadeloupe par exemple, au 4 janvier, le taux d’incidence, indicateur qui sert à mesurer la circulation de l’épidémie, est de 1820, en hausse de 549 % sur les sept derniers jours, selon le texte.

Seulement 40 % de la population y a reçu au moins une dose de vaccin fin 2021, et 31 % en Guyane.

« Avec ce niveau de couverture vaccinale, les risques de développer des formes graves de la maladie sont fortement majorés et pourraient conduire rapidement à une saturation des structures hospitalières », note le décret.

La pression hospitalière est déjà « très forte en Guyane, où le taux d’occupation des lits de réanimation est supérieur à 190 % de la capacité initiale ».

Il est « proche des 80 % » en Guadeloupe, alors même que la situation en France métropolitaine, touchée par la déferlante Omicron, « limite significativement les capacités d’envoi de renforts ou l’organisation d’évacuations sanitaires ».

La situation est particulièrement tendue en Guadeloupe, secouée depuis un mois et demi par une contestation sociale, notamment contre l’obligation vaccinale des soignants et pompiers.

Le directeur du CHU de Guadeloupe et ses deux adjoints ont dû être exfiltrés par la police de leurs bureaux assiégés mardi par des militants.

« J’ai été extrait avec un coup de poing dans les côtes et un énorme coup sur la tête, j’ai perdu connaissance pendant 10 secondes je pense », a expliqué à l’AFP le directeur général du CHU, Gérard Cotellon.

Son adjoint, Cédric Zolezzi, a également indiqué avoir été molesté. « On m’a déchiré ma chemise, j’ai reçu de l’urine sur moi pendant que je courais vers une voiture de police », a-t-il assuré, en se disant « choqué ».

Le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal a jugé mercredi « honteuses » et « révoltantes » ces violences, en rappelant que les soignants « ne comptaient ni leurs heures ni leurs nuits » pour combattre l’épidémie.

Les manifestants réclament le versement des salaires des agents suspendus, après leur refus de se conformer à l’obligation vaccinale. Selon le CHU, 95 % des personnels répondent à cette obligation.

Le président français Emmanuel Macron a déclenché mardi soir une polémique en déclarant avoir « très envie (d’) emmerder » les non-vaccinés.