(La Havane) La dirigeante du mouvement dissident cubain des Dames en blanc, Berta Soler, et son mari l’ancien prisonnier politique Angel Moya, ont été libérés jeudi soir, après avoir été arrêtés le matin.

Les arrestations ont eu lieu alors que le couple entamait des démarches concernant un dissident emprisonné, José Daniel Ferrer, a expliqué Mme Soler à l’AFP : « L’unique objectif de cette détention a été d’empêcher que nous présentions devant le parquet général de la République une demande de preuve de vie de José Daniel Ferrer, dont la famille ne sait ni où il est ni comment il va depuis 75 jours », a-t-elle déclaré par téléphone.

PHOTO YAMIL LAGE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Daniel Ferrer, 51 ans, dirigeant de l’Union patriotique de Cuba (Unpacu), l’organisation la plus active de l’opposition, durant une conférence de presse à La Havane, le 11 mai 2016. Il a été arrêté durant des manifestations antigouvernementales le 11 juillet dernier. en août dernier.

L’opposante de 58 ans avait été arrêtée jeudi matin à La Havane, ainsi que son époux, l’ex-prisonnier politique Angel Moya, alors qu’ils se dirigeaient vers le palais de justice. Ils ont été conduits au commissariat où le document où figurait leur requête officielle leur a été confisqué.

Tous deux ont été libérés vers 20 h.

Ferrer, 51 ans, dirigeant de l’Union patriotique de Cuba (Unpacu), l’organisation la plus active de l’opposition, a été arrêté le 11 juillet à Santiago de Cuba (est), lors des manifestations historiques anti-gouvernement qui ont mobilisé des milliers de Cubains à travers l’île.

A cette occasion, le tribunal avait révoqué la mesure de liberté conditionnelle dont il bénéficiait depuis février 2021, après avoir purgé une partie de sa peine de quatre ans et demi de prison pour coups et blessures contre un autre opposant.

Ferrer et Moya, 57 ans, font partie des 75 opposants arrêtés lors du Printemps noir de 2003, condamnés à de lourdes peines de prison et libérés en 2011, ainsi que 130 autres prisonniers politiques, au terme de négociations entre le gouvernement et l’Église catholique.

La majorité des prisonniers alors libérés avaient émigré vers l’Espagne avec leurs familles, mais 12 d’entre eux, dont Ferrer et Moya, ont décidé de rester à Cuba.

Les mères, épouses et filles de ces détenus avaient formé à l’époque le groupe des Dames en blanc, mouvement exigeant la libération de tous les prisonniers politiques sur l’île. Il a reçu en 2005 le prix Sakharov de la liberté de pensée du Parlement européen.

Le gouvernement cubain, qui nie l’existence de prisonniers politiques à Cuba (estimés à une centaine par l’opposition), considère comme illégale l’opposition, qu’il accuse d’être financée par Washington.