(La Havane) La liberté d’expression à Cuba, réclamée récemment par une nouvelle génération d’artistes et d’intellectuels, est limitée par l’existence même de la révolution, a déclaré le président Miguel Diaz-Canel dans un discours rendu public mardi.  

« La liberté d’expression dans la Révolution continue d’avoir pour limite le droit de la Révolution à exister », a déclaré M. Diaz-Canel, également premier secrétaire du Parti communiste, lors d’une réunion lundi soir avec un groupe d’intellectuels et d’artistes.  

« Nous n’allons pas donner la Révolution ou ses espaces. Nous devons et nous pouvons mieux les gérer, en apprenant davantage de tout et de tous », a souligné le chef de l’État lors d’un évènement commémorant le 60e anniversaire du discours « Paroles aux intellectuels ».  

Dans ce discours, Fidel Castro avait défini en 1961 la politique culturelle de sa révolution socialiste naissante. « Dans la révolution, tout ; contre la révolution rien », avait alors lancé le dirigeant cubain, une phrase restée célèbre.

“Dans la révolution, tout” signifie que la seule chose qui ne se discute pas c’est la révolution. Ce n’est pas un fait qui se discute. C’est le fait même, la raison d’être de cette rencontre. Toutefois, nous croyons fermement que l’œuvre d’art a non seulement le droit mais aussi la mission d’être provocante, risquée, stimulante, interrogative, exaltante et émancipatrice. La soumettre à une censure subjective et lâche est un acte de lèse-culture.

Le président Miguel Diaz-Canel

Mais « dans le Cuba de 2021, il n’y a pas de place pour les annexionnistes habituels (ceux souhaitant l’annexion de Cuba aux États-Unis, NDLR) ou pour les mercenaires du moment », a déclaré M. Díaz-Canel.

Le 27 novembre, quelque 300 artistes et intellectuels avaient organisé une manifestation historique devant le ministère de la Culture pour exiger la liberté d’expression. Des responsables du ministère ont reçu une délégation et un dialogue a été engagé.  

« On a parlé de dialogue, il a débuté, mais il n’a pas donné les résultats escomptés et une excellente opportunité a été perdue d’ouvrir des espaces de dialogue et de réflexion comme en a besoin toute société et qui sont fondamentaux pour la société cubaine », estimait dans un entretien récent l’écrivain cubain Leonardo Padura.

« Ce qui s’est passé le 27 novembre est la preuve qu’il y avait et qu’il y a un besoin. Qu’ensuite il y ait eu des manipulations, des lectures différentes, des positions peut-être radicales d’une part comme de l’autre, il n’en reste pas moins que c’est une demande valide », a-t-il estimé.