La police kazakhe a arrêté jeudi plusieurs manifestants qui protestaient contre le changement de nom de la capitale de ce pays d'Asie centrale, rebaptisée du prénom de l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev, qui a annoncé cette semaine sa démission.

Au moins une dizaine de manifestants ont été interpellés près de la mairie de la capitale kazakhe, avant d'être relâchés, a indiqué à l'AFP l'un des militants, Askhat Akhmediarov.

« Ils nous ont embarqués dans un fourgon de police et nous ont amenés au commissariat, où ils ont vérifié nos téléphones. Ils voulaient savoir si nous avions des liens » avec l'opposition, a-t-il précisé.

Les autorités kazakhes n'ont pas commenté ces arrestations.

Les manifestations au Kazakhstan doivent recevoir l'autorisation préalable des autorités locales pour être légales, ce qui se produit rarement pour les rassemblements à connotation politique.

Le Parlement kazakh a décidé mercredi de rebaptiser la capitale du pays, Astana, en « Noursoultan » en l'honneur de M. Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le pays pendant près de trois décennies avant de démissionner brusquement mardi.

Ville d'un million d'habitants aux gratte-ciel futuristes, la capitale kazakhe a été construite à grands frais sur d'anciens marécages. Elle est devenue la capitale du pays en 1997, à la place d'Almaty, située 1000 kilomètres plus au sud.

Une pétition en ligne a rassemblé dès mercredi près de 36 000 signatures contre le changement de nom d'Astana, avant que le site ne soit indisponible au Kazakhstan.

Bien qu'il quitte le pouvoir, M. Nazarbaïev devrait garder un rôle important dans la politique kazakhe en conservant des fonctions clés telles que la présidence du parti au pouvoir et celle du Conseil de sécurité, en plus de son titre de « Père de la Nation ».

Signe de cette influence préservée, sa fille Dariga a été nommée à la tête du Sénat, tandis que la présidence par intérim est occupée par le loyaliste Kassym-Jomart Tokaïev, avant une élection présidentielle prévue pour avril 2020.

« Nazarbaïev a pillé le pays et laissé des millions de (personnes) dans la pauvreté. Maintenant, il a une capitale à son nom et a placé une marionnette à la présidence. Ensuite, il va probablement tenter de placer sa fille » à la tête de l'État, a dénoncé jeudi auprès de l'AFP le manifestant Askhat Akhmediarov.