Le président de l'autorité japonaise de régulation nucléaire a accusé jeudi la compagnie TEPCO de communiquer de façon si maladroite sur l'accident de Fukushima qu'il en résulte des énormités dans les médias.

«Pour éviter d'être accusée de cacher des choses, TEPCO donne des tas de données et cela entraîne beaucoup d'incompréhension, d'erreurs, de quiproquos», a souligné Shunichi Tanaka, lors d'une conférence de presse.

«Tepco devrait non seulement dire ce que la compagnie sait mais aussi ce qu'elle ignore», a-t-il ajouté.

Le patron de l'instance de régulation, elle-même récemment critiquée pour sa communication bancale par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a pris pour exemple le fait que TEPCO utilise des unités qui prêtent à confusion pour parler de la contamination du complexe atomique ravagé par le tsunami de mars 2011.

Il y a peu, TEPCO a fait état de niveaux élevés de radioactivité près de réservoirs d'eau radioactive. Elle les a exprimés en millisieverts par heure (à savoir 1800 millisieverts et 2200 millisieverts ensuite).

Or, la compagnie n'a pas dit dans un premier temps de quels rayonnements il s'agissait, de sorte que le danger de ces radiations pouvait être interprété de façon très variable.

Il s'agissait en l'occurrence de rayons bêta dont l'homme peut très aisément se protéger, par exemple avec une couche d'aluminium. Mais un même niveau issu de rayonnements gamma, lui, aurait été létal en quelques heures puisque ces derniers sont difficiles à bloquer.

Dans le cas où l'on parle de rayonnements bêta qui peuvent facilement être bloqués avec des vêtements de protection, «il faudrait utiliser les becquerels par unité de volume ou masse» pour exprimer la contamination du sol ou de l'eau, a insisté M. Tanaka.

«Je n'arrête pas de le répéter depuis des mois», a-t-il assuré.

Et de reprocher aux journalistes leur façon de travailler: «vous devez éviter de créer une situation qui fait du Japon l'objet de critiques internationales sur la base de fausses informations venant d'ici».

M. Tanaka s'en était déjà récemment pris aux médias qui, selon lui, avaient surinterprété le fait que l'autorité situe une fuite de 300 tonnes d'eau hautement radioactive d'un réservoir au niveau 3 («incident grave») de l'échelle internationale des événements nucléaires (Ines), alors même que le sujet était encore en discussion au sein de l'instance de régulation dont les réunions sont diffusées sur internet.

Or, la responsabilité de cette erreur en reviendrait à l'autorité elle-même, selon l'AIEA.

«Plutôt que d'utiliser l'Ines comme un outil de communication pour noter chaque événement, il serait possible d'élaborer un plan de communication pour expliquer la signification de chaque problème en termes de sûreté», avait écrit l'AIEA à l'autorité nippone.

Et pour être bien comprise, elle poursuivait: «cela permettrait d'éviter d'envoyer des messages contradictoires aux médias et au public».

La communication de TEPCO et des autorités japonaises laisse sceptiques la population nippone et les pays étrangers, et d'aucuns craignent que les choses ne s'améliorent pas si la capitale Tokyo est choisie pour accueillir les Jeux olympiques de 2020 à l'issue d'un vote prévu samedi à Buenos Aires.

Une grue s'affaisse

Une grue pour retirer les débris au-dessus du bâtiment saccagé du réacteur 3 de la centrale de Fukushima a été retrouvée affaissée jeudi pour une raison inconnue, a indiqué la compagnie Tepco.

«Les ouvriers ont fait ce constat vers 09H15avant de commencer à travailler», a précisé à l'AFP un porte-parole de Tepco.

«Nous ne savons pas comment cela est arrivé, mais la jonction entre le bras de la grue et le mât principal est endommagée», a-t-il détaillé.

La grue en question, posée au sol sur des chenilles, est un énorme engin à deux mâts, dont un pour soutenir le contrepoids, muni d'un système de caméras et contrôlé à distance.

Elle sert à retirer les débris qui se sont accumulés au-dessus du réacteur 3 dont le bâtiment de protection a en partie été soufflé par une énorme explosion d'hydrogène en mars 2011.

«Cet incident de grue n'a pas de conséquences sur la piscine de désactivation de combustible située en haut du réacteur 3 et les mesures de radioactivité alentour n'ont pas changé», a assuré le même porte-parole.

Toutefois, rien n'a pu être entrepris depuis pour remettre la grue d'aplomb ni la réparer.

«Nous sommes en train d'étudier comment faire», a-t-il reconnu, ne sachant pas à quel moment Tepco pourrait donner des informations supplémentaires sur cette nouvelle avarie annoncée 7 heures après sa découverte.

Il s'agit d'un énième incident à la centrale en ruines de Fukushima où quelque 3000 travailleurs s'activent chaque jour dans des conditions exécrables.

Récemment, la situation du complexe atomique saccagé par le tsunami du 11 mars 2011 est revenue à la une des médias à cause de fuites d'eau radioactive de réservoirs montés à la hâte.

Par ailleurs, jeudi toujours, une fuite de vapeur d'eau non radioactive s'est produite dans les équipements du réacteur 3 d'une autre centrale, à Ohi (ou Oi, ouest), à la suite d'une erreur de manipulation, a indiqué à l'AFP la compagnie Kansai Electric Power (Kepco).

Le réacteur 3 d'Ohi était l'un des deux seuls en service au Japon (sur un parc de 50 unités), mais il a été arrêté lundi pour une session de maintenance régulière.

«C'est lors des opérations de préparation de l'entretien qu'une vanne a été ouverte par erreur déclenchant une fuite de vapeur d'eau sans éléments radioactifs», a expliqué un porte-parole.

La vanne a ensuite été refermée et tout est selon lui rentré dans l'ordre, sans incidence ni sur les travailleurs, ni sur l'environnement.