La Birmanie a rendu hommage jeudi au père de l'opposante Aung San Suu Kyi et à huit autres héros de l'indépendance assassinés, lors d'une cérémonie officielle qui a témoigné une nouvelle fois des changements en cours dans le pays.    

Le vice-président Sai Mauk Kham a mené cet hommage au général Aung San et à d'autres responsables assassinés le 19 juillet 1947, quelques mois avant que la Grande-Bretagne n'accorde officiellement son indépendance à la Birmanie.

La présence d'un représentant de l'État aussi important au mausolée des Martyrs de l'ancienne capitale tranche avec les années précédentes où le maire de Rangoun était le seul officiel présent à une cérémonie organisée en toute discrétion.

L'événement a également été retransmis en direct à la télévision d'État, nouveau signe du changement d'état d'esprit d'un régime qui a multiplié les réformes depuis la dissolution de la junte en mars 2011.

Le gouvernement dirigé par le président Thein Sein a notamment libéré des centaines de prisonniers politiques et permis le retour au coeur du jeu politique de Suu Kyi, députée depuis avril.

Après la cérémonie, la prix Nobel de la paix s'est, elle aussi, rendue au mausolée avec trois paniers de fleurs.

« L'esprit d'un martyr est un esprit noble. Nous devons respecter les dirigeants martyrs pour accroître le noble esprit de notre pays », a-t-elle déclaré peu après lors d'un discours à ses partisans au siège de son parti.

L'an dernier, l'opposante, qui a passé la majeure partie des vingt dernières années en résidence surveillée, avait assisté à cette commémoration pour la première fois en neuf ans.

Elle n'avait que deux ans à la mort de son père, qui reste un véritable symbole de fierté pour les Birmans.

Ces vingt dernières années, l'image publique d'Aung San, que beaucoup appellent simplement Bogyoke (général), avait été soigneusement effacée par l'ancienne junte soucieuse de ne pas attirer l'attention sur sa fille enfermée.

Mais aujourd'hui, les photos du père et de la fille sont partout, des porte-clés aux calendriers, en passant par les tasses à café.