Au moins vingt leaders étudiants ont été interpellés vendredi soir en Birmanie, à la veille d'un rassemblement prévu pour commémorer la répression contre un mouvement étudiant en 1962, a indiqué un responsable étudiant à l'AFP.

Il s'agit de la plus importante vague d'arrestations depuis la dissolution de la junte en mars 2011.

Un responsable birman a confirmé seulement que cinq responsables étudiants avaient été interpellés chez eux à Rangoun. Trois d'entre eux avaient été libérés lors de l'amnistie de centaines de prisonniers politiques en janvier dernier.

« En plus des cinq arrestations à Rangoun, nous pouvons confirmer cinq militants étudiants à Shwebo, six à Mandalay, quatre à Lashio », a précisé Thet Zaw, un des responsables de Génération 88, une organisation étudiante à l'origine du soulèvement de 1988, réprimé dans le sang.

Il a ajouté être en train d'essayer de confirmer quatre noms supplémentaires dans une autre ville du pays.

« Ils ont été emmenés sans aucune raison. Les autorités ont dit qu'elles voulaient discuter avec eux », a commenté Ko Ko Gyi, un autre leader de Génération 88, à propos des cinq de Rangoun.

« Je pense qu'ils ont été emmenés pour avoir prévu une cérémonie du souvenir du 7 juillet », a-t-il ajouté.

Le 7 juillet 1962, des étudiants avaient manifesté contre le coup d'État qui venait d'amener au pouvoir le général Ne Win, qui dirigera la Birmanie d'une poigne de fer jusqu'en 1988. La répression avait fait plusieurs dizaines de morts et le lendemain, le bâtiment de l'Union étudiante avait été dynamité par la junte.

Employés de l'ONU et de MSF détenus dans l'État Rakhine



Une dizaine d'employés de l'ONU et de Médecins sans frontières sont détenus dans l'ouest de la Birmanie où les tensions restent vives après les violences meurtrières entre communautés bouddhiste et musulmane, ont indiqué vendredi les deux organisations.

« Actuellement, quelque 10 membres du personnel de l'ONU et d'ONG internationales sont gardés en détention par les autorités de l'État Rakhine pour interrogatoire », a indiqué dans un communiqué le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

L'ONU a demandé des « informations » au gouvernement et attend sa réponse.

Médecins sans frontières (MSF) a précisé que six membres de son personnel local avaient été arrêtés ces deux dernières semaines, mais que l'un d'entre eux venait d'être libéré.

« Nous n'avons pas d'informations complètes » sur les raisons de leur arrestation, a indiqué l'organisation à l'AFP. « Nous sommes en contact avec les autorités pour confirmer le bon état de santé de notre personnel ».

MSF, une des seules organisations internationales à travailler dans cette région, a suspendu mi-juin ses opérations en État Rakhine, placé sous état d'urgence depuis le 10 juin, et réduit son personnel. L'organisation « espère reprendre ses activités médicales aussi vite que possible ».

Les violences entre communautés bouddhiste et musulmane ont fait plus de 80 morts en juin dans cet État frontalier du Bangladesh où vivent notamment quelque 800 000 membres de la communauté musulmane apatride des Rohingyas.

Ces deux dernières semaines, les comptes-rendus d'incidents ont « considérablement diminué, mais les tensions inter-communautaires restent élevées dans plusieurs zones », a précisé OCHA.

« Certaines organisations des deux communautés ont fait circuler des déclarations contre l'autre, ainsi que contre l'ONU et les ONG, alimentant les tensions et entravant l'aide humanitaire », a ajouté l'agence de l'ONU.

Selon elle, 100 000 personnes ont été déplacées par les affrontements dont la moitié le sont encore.

Human Rights Watch a de son côté dénoncé des « arrestations de masse » de Rohingyas, considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète.

« Alors que l'armée birmane a largement contenu les violences communautaires, les abus des forces de sécurité contre les communautés rohingyas semblent être en recrudescence ces dernières semaines », a dénoncé l'ONG dans un communiqué, évoquant notamment des meurtres et des incendies de villages.

HRW a également dénoncé des arrestations de masse « discriminatoires », visant principalement les musulmans et pas les Rakhines, majoritairement bouddhistes.