Les Japonais savaient depuis toujours qu'un tremblement de terre majeur ou qu'un tsunami guettait leur pays.

Mais la rapidité avec laquelle s'est déroulée la catastrophe de vendredi semble avoir pris tout le monde par surprise.

De 15 à 30 minutes à peine se sont écoulées entre le déclenchement du séisme et l'arrivée du tsunami de 10 mètres sur la côte nord-est du Japon. Des survivants ont expliqué que bien des résidants n'ont tout simplement pas eu le temps de quitter les régions à risque.

Depuis, c'est l'attente pour des millions de personnes, qui sont sans nouvelles de leurs proches.

Mami Kosemura, Japonaise qui habite aux États-Unis, est arrivée à Tokyo hier pour visiter sa famille.

«Nous sommes inquiets pour ma tante, qui habite près de Sendai, dit-elle. Les téléphones ne fonctionnent pas. Les routes sont bloquées. Nous n'avons aucune nouvelle depuis le tremblement de terre.»

Comme des millions de Japonais, elle suit les nouvelles de la tragédie à la télévision et sur l'internet. «Personne ne peut aller dans les zones touchées, il n'y a pas de train et les autoroutes sont bloquées», dit-elle.

L'attente

Pour Kenzo Okada, qui travaille dans un café du quartier Shinjuku, au centre de Tokyo, le plus difficile est l'attente. Plusieurs de ses amis habitent à Sendai, et il n'a aucune nouvelle d'eux.

«La région est coupée du monde, dit-il. Il n'y a ni d'électricité, ni téléphone, ni internet.»

Sur un téléviseur derrière lui, des images filmées du haut des airs montrent une opération de sauvetage entreprise par les militaires japonais. Ces efforts sont de véritables courses contre la montre, bien des survivants n'ayant pas les couvertures et vivres nécessaires pour passer la nuit dans le froid.

La chaîne NHK a rapporté que 2 millions de foyers étaient privés d'électricité, hier soir, tandis que 1,4 million n'avaient pas d'eau courante.

Même à Tokyo, épargné par le tsunami, les conséquences de la tragédie sont visibles. Le service dans le métro de Tokyo, plus important réseau de transport du monde, a été arrêté durant la journée d'hier. Les trains en partance vers le nord du pays ne circulaient pas, et des sections d'autoroute endommagées par les secousses étaient toujours fermées, créant d'importants embouteillages.

Malgré tout, le public semblait vivre les événements de façon calme et stoïque. «Les Japonais ne sont pas des gens très démonstratifs, a dit Mme Kosemura. En cas de désastre, très peu de gens paniquent ou ont des comportements extrêmes. Les tragédies se vivent en privé.»