Le premier ministre cambodgien Hun Sen a présidé jeudi à l'aube une émouvante cérémonie de deuil en hommage aux victimes de la bousculade de Phnom Penh, dont le bilan a été révisé à la baisse à 347 morts.

Visiblement touché, Hun Sen a brûlé de l'encens devant un petit autel érigé au pied du pont menant à l'île aux Diamants, sur lequel la foule a paniqué lundi soir, provoquant un mouvement de foule dans lequel des centaines de personnes sont mortes étouffées.

Vêtu de noir, l'homme fort du pays était accompagné par sa femme Bun Rany en pleurs, et par plusieurs personnalités de son gouvernement. Les drapeaux du pays étaient en berne sur les bâtiments officiels et la plupart des écoles fermées.

Le bilan du drame a été révisé à la baisse, de 456 à 347 morts, dont 221 femmes.

Le ministre des Affaires sociales Ith Samheng, chargé d'établir le bilan au sein de la commission d'enquête, a expliqué que certains chiffres venus des provinces avaient été comptabilisés deux fois.

Quelque 400 personnes ont été blessées, selon les hôpitaux.

Les conclusions préliminaires de l'enquête ont attribué l'accident à une peur soudaine de la foule que le pont ne cède.

«Les morts ont été provoqués parce que le pont était surpeuplé et qu'il y a eu la panique, et la peur qu'il s'écroule parce qu'il était suspendu par des câbles et se balançait», a déclaré Prum Sokha, secrétaire d'État à l'Intérieur.

«Certains ont commencé à crier que le pont était en train de s'effondrer, que des gens étaient électrocutés et que les câbles d'acier se cassaient, alors les gens se sont poussés les uns les autres et sont tombés», a-t-il ajouté. «Les gens n'avaient nulle part où s'enfuir».

Toutes les victimes ont été identifiées avant d'être inhumées chez elles.

Le gouvernement a admis n'avoir pas anticipé la présence de trois millions de personnes venues de tout le pays pour les trois jours de festivités. Il a critiqué une société privée chargée des festivités et qui devait en assurer la sécurité.

Le roi Sihamoni n'a pas participé à la cérémonie, mais son père, Norodom Sihanouk, qui avait abdiqué en 2004 en sa faveur et reste une figure importante dans le pays, a envoyé un message depuis Pékin où il est actuellement soigné.

Le texte, occupant une pleine page d'un quotidien local, souligne sa «profonde tristesse».

La foule avait traversé le pont pour assister aux derniers spectacles, feux d'artifices et autres courses de bateaux de la Fête de l'eau, censée remercier le fleuve Mékong de nourrir les sols fertiles du pays et de fournir un poisson abondant.

Environ 7000 personnes se trouvaient sur le pont au moment du drame, selon la police. «C'est désolant, mais même si on avait eu des dizaines de milliers de policiers, on n'aurait pas pu les aider parce qu'elles étaient coincées sur le pont», a assuré son responsable à Phnom Penh, Touch Naruth.