Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il est arrivé en Chine lundi, selon des sources à la frontière, pour une de ses rares visites à l'étranger, chez son voisin et allié, hôte des discussions en suspens sur sa dénucléarisation.

Son arrivée, annoncée par les médias sud-coréens, a été confirmée par un responsable du Bureau du tourisme chinois à la frontière entre Chine et Corée du Nord, dans le nord-est de la Chine. Elle intervient alors que le climat s'est tendu entre Corée du Nord et du Sud depuis le naufrage fin mars d'une corvette sud-coréenne près de la frontière avec la Corée du Nord.

La Corée du Nord n'a pas officiellement été mise en cause, dans l'attente des conclusions d'une enquête, mais un ministre sud-coréen a estimé que la cause la plus probable du drame était l'explosion d'une torpille.

«Kim Jong-il est arrivé vers 5h00» (17h00 dimanche à Montréal), a déclaré un responsable du Bureau officiel du Tourisme du pont de l'amitié, reliant la Chine et la Corée du Nord, à Dandong, principal poste frontière entre les deux pays, dans la province chinoise du Liaoning.

«Nous avons reçu une directive du Bureau de la sécurité publique (police) et de l'armée nous demandant d'arrêter les opérations touristiques dans la matinée», a aussi indiqué ce responsable, sans dire son nom.

«Le pont est rouvert et la police n'empêche plus les gens d'entrer», a-t-il précisé dans la matinée.

Le ministère des Affaires étrangères a affirmé ne pas pouvoir confirmer une visite de Kim Jong-il.

L'agence de presse sud-coréenne Yonhap avait un peu plus tôt annoncé qu'un train spécial transportant probablement le dirigeant nord-coréen était arrivé à la frontière avec la Chine tôt lundi matin.

L'agence, qui n'a pas identifié ses sources, a aussi affirmé que ce train se dirigeait vers Dalian, à quelque 296 kilomètres au sud de Dandong, dans l'extrémité sud de la péninsule du Liaoning, la destination finale étant Pékin.

Une employée de la gare de Dalian a confirmé, sous couvert de l'anonymat, qu'«un train spécial venant de Corée du Nord» était attendu. «On ne nous a pas dit quand il arriverait ni qui est à bord de ce train spécial», a-t-elle précisé.

Les médias japonais et sud-coréens avaient spéculé sur un probable voyage de Kim en Chine fin avril.

Selon les analystes, les Chinois profiteraient de la visite de Kim pour l'inciter à revenir à la table des négociations à six sur le dossier nucléaire nord-coréen.

Ces discussions réunissant les deux Corées, le Japon, les États-Unis, la Russie et la Chine sont suspendues depuis avril 2009.

Le numéro deux du régime de Pyongyang, Kim Yong-Nam, a rencontré vendredi le président chinois Hu Jintao en marge des cérémonies d'inauguration de l'exposition universelle de Shanghaï sans que rien n'ait filtré sur la teneur de leur entretien.

Hu Jintao a également rencontré le président sud-coréen Lee Myung-Bak, dans les mêmes circonstances.

Kim, qui est réputé ne pas aimer voyager en avion, s'est rendu en Chine en train en 2000, 2001, 2004 et 2006.

Pékin, principal soutien de Pyongyang, lui apporte une aide alimentaire, énergétique et financière, et est considérée comme l'une des rares capitales en mesure d'influer sur le régime nord-coréen.

Selon des analystes, la Chine pourrait offrir une aide supplémentaire, en échange de son retour à la table des négociations, à la Corée du Nord, qui souffre de pénuries alimentaires récurrentes depuis la chute de l'Union soviétique il y a vingt ans.