(Tokyo) Les manifestations en Chine contre la sévère politique « zéro COVID-19 » font voler en éclats le « mythe » d’une « société harmonieuse » et révèlent un profond mécontentement à l’égard du pouvoir, a estimé jeudi un ancien leader étudiant des manifestations de la place Tiananmen.

« Au cours des 30 dernières années, il y a eu un mythe selon lequel la jeune génération ou la classe moyenne étaient vraiment satisfaites du gouvernement, mais ces manifestations nous montrent la vérité », a déclaré Wang Dan, qui s’est réfugié aux États-Unis après la répression du mouvement en faveur de la démocratie de Tiananmen en 1989 et vit en exil depuis.

« La vérité est que ce n’est pas une société harmonieuse […] il y a déjà beaucoup de conflits entre la société et le gouvernement » en Chine, a ajouté M. Wang lors d’une conférence de presse à Tokyo.

Il a estimé que les troubles allaient se poursuivre et qu’ils pourraient marquer une nouvelle « ère de protestation ».  

PHOTO RICHARD A. BROOKS, AGENCE FRANCE-PRESSE

« Le premier sentiment qui m’est venu à l’esprit quand j’ai vu les incroyables manifestations à travers la Chine, c’est que l’esprit de 1989 était revenu, après 33 ans », a déclaré Wang Wang, ancien leader de mouvement de contestations de 1989.

La colère suscitée par la politique chinoise du « zéro COVID-19 », qui implique des confinements à répétition, des tests PCR quasi quotidiens et des mises en quarantaine, même pour des personnes non infectées, a entraîné des manifestations depuis le week-end dernier dans plusieurs grandes villes du pays, dont Pékin, Shanghai (est), Canton (sud) et Wuhan (centre).  

Mais les manifestants ont également demandé des réformes politiques plus larges, certains ayant même appelé le président Xi Jinping à se retirer.  

« Le premier sentiment qui m’est venu à l’esprit quand j’ai vu les incroyables manifestations à travers la Chine, c’est que l’esprit de 1989 était revenu, après 33 ans », a déclaré M. Wang.  

« Regarder des vidéos d’étudiants chinois scandant “donnez-moi la liberté ou donnez-moi la mort” m’a apporté des larmes et de l’espoir », a-t-il confié.

Wang Dan était un étudiant de 20 ans pendant le mouvement de Tiananmen qui s’est terminé par l’envoi de chars et de troupes gouvernementales pour écraser des manifestants pacifiques.  

Il a été placé sur la liste des personnes les plus recherchées par le gouvernement chinois et a été emprisonné avant de s’exiler aux États-Unis.

Les protestations sont un « coup dur » porté à la réputation de Xi Jinping, quelques semaines après le début de son troisième mandat, a encore estimé M. Wang.

« C’est pourquoi je pense que peut-être, au bout du compte, il décidera de réprimer, car il ne peut pas se permettre de perdre la face ».