(Pékin) Xi Jinping et Joe Biden s’entretiendront la semaine prochaine lors du sommet du G20 à Bali, leur première rencontre en face à face depuis l’arrivée à la Maison-Blanche du président américain.

C’est également la première fois que les deux hommes se rencontreront depuis la reconduction le mois dernier de M. Xi, président chinois, à la tête du Parti communiste (PCC).

Le sommet du G20 se tiendra du 14 au 17 novembre sur l’île indonésienne de Bali.

Xi Jinping s’entretiendra également à cette occasion avec Emmanuel Macron, a annoncé vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères.  

Le président chinois et Joe Biden ont discuté par téléphone à plusieurs reprises depuis le début de la pandémie, mais M. Xi a limité au maximum ses voyages à l’étranger au cours des trois dernières années.

Leur rencontre intervient à un moment où les relations sino-américaines sont particulièrement tendues. Les deux pays rivalisent d’influence, notamment en Asie-Pacifique.

Les sujets de friction sont nombreux : commerce, traitement des musulmans ouïghours ou encore statut de l’île de Taïwan, revendiquée par Pékin.

« La Chine a toujours préconisé […] la coexistence avec les États-Unis, tout en défendant fermement sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement », a indiqué vendredi Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Il a également appelé Washington à travailler avec Pékin pour « gérer les divergences, promouvoir une coopération mutuellement bénéfique et éviter les malentendus et les erreurs de jugement ».

La Maison-Blanche avait déjà confirmé jeudi la rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping, soulignant que les deux dirigeants auront à cœur de « gérer de manière responsable » la rivalité bilatérale et de « travailler ensemble là où [leurs] intérêts concordent ».

L’appel de l’ONU

La présidence américaine pense notamment au climat, à la lutte contre les stupéfiants ou à la santé.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde vendredi contre « un risque croissant que l’économie mondiale soit divisée en deux parties, dirigées par les deux plus grandes économies, les États-Unis et la Chine ».

« Une économie mondiale divisée, avec deux ensembles de règles différents, deux monnaies dominantes, deux internets et deux stratégies contradictoires en matière d’intelligence artificielle, compromettrait la capacité du monde à répondre aux énormes défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il déclaré.

« Ce découplage doit être évité à tout prix », a-t-il souligné lors d’un sommet des dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) à Phnom Penh au Cambodge.

Ce mois de novembre est une sorte de résurrection diplomatique pour Xi Jinping après près de trois ans de pandémie durant desquelles il n’a presque pas quitté la Chine.

Il a accueilli la semaine dernière le chancelier allemand Olaf Scholz à Pékin. À Bali, outre Emmanuel Macron, il rencontrera le Sénégalais Macky Sall et l’Argentin Alberto Fernandez.

Le président français ne sera pas « dans une approche confrontationnelle » avec la Chine, a souligné de son côté la présidence française.

Face aux enjeux mondiaux, du climat à l’économie, « nous avons besoin de tous les acteurs sur la scène internationale, les Américains aussi bien que les Chinois et les Indiens », a-t-elle dit.

De son côté, Joe Biden part en Asie « en position de force », a estimé jeudi son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, en référence aux élections de mi-mandat aux États-Unis.

Le démocrate de 79 ans sort quelque peu requinqué de ces scrutins en ayant évité une déferlante de l’opposition républicaine.

Le grand absent du sommet du G20 sera le président russe Vladimir Poutine, pointé du doigt par les Occidentaux en raison de l’invasion de l’Ukraine.  

La Russie sera représentée par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

« Sentiment d’impasse »

Joe Biden a vivement critiqué Vladimir Poutine ces derniers mois. Il avait exclu de le rencontrer en Indonésie, sauf en cas de discussions sur la libération d’Américains détenus en Russie.

Le président russe ne peut se rendre à Bali car son agenda ne le permet pas, a assuré vendredi le Kremlin.  

Une absence qui illustre l’isolement croissant de Moscou sur la scène internationale.

Selon l’analyste politique Konstantin Kalachev, M. Poutine ne souhaite pas s’exposer aux critiques et aux questions embarrassantes.

« Il y a un sentiment d’impasse, et sans propositions concrètes [pour arrêter la guerre], Poutine n’a tout simplement rien à faire à ce sommet », a déclaré M. Kalachev à l’AFP.

L’Indonésie, pays hôte, mène une politique étrangère basée sur la neutralité et a repoussé les appels occidentaux à désinviter Vladimir Poutine.

Le président indonésien Joko Widodo avait indiqué en août que le locataire du Kremlin avait accepté l’invitation.

Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky doit s’exprimer à distance lors du sommet. Il avait menacé de ne pas y participer en cas de présence de M. Poutine.

Le sommet du G20 sera la plus importante réunion de ce groupe de 19 pays et de l’Union européenne depuis le début de la pandémie.