(Bogotá) L’ancien président colombien Alvaro Uribe a dénoncé mercredi une « vengeance politique » et des accusations « sans preuves » après l’annonce de son prochain procès en Colombie pour subornation de témoins.

« Ce procès répond à une persécution politique, à des animosités personnelles, à une vengeance politique et sans preuve […] », a estimé l’ancien président de droite (2002-2010) dans une déclaration diffusée en direct sur ses réseaux sociaux.

M. Uribe, figure tutélaire du camp conservateur et l’un des hommes politiques les plus influents du pays, fera l’objet d’un procès pénal, a annoncé mardi le parquet sans donner de date.

Ce sera la première fois dans l’histoire de la Colombie qu’un ancien chef d’État est traduit devant les tribunaux.  

M. Uribe, 71 ans, risque jusqu’à huit ans d’emprisonnement pour « subornation de témoins et escroquerie procédurale », selon l’acte d’accusation.

Accusé sur plusieurs fronts de liens avec le narcotrafic et les paramilitaires, il a subi un effet boomerang du système judiciaire colombien.

En 2012, il avait déposé une plainte contre un sénateur de gauche, Ivan Cepeda, pour un complot présumé contre lui, basé sur un faux témoignage, tentant de l’impliquer dans les activités criminelles de groupes paramilitaires.  

La Cour suprême s’était abstenue de poursuivre M. Cepeda et avait au contraire commencé à enquêter sur M. Uribe. Les juges ont conclu qu’il avait tenté de manipuler les témoins pour discréditer son adversaire et ont ordonné en août 2020 son assignation à résidence.

M. Uribe avait alors démissionné du Sénat et son dossier avait été transféré à un tribunal ordinaire, qui avait levé cet ordre d’assignation.

Selon sa défense, l’ancien sénateur n’a fait que contacter des témoins pour qu’ils disent la vérité dans le cadre d’enquêtes sur son éventuelle implication avec des groupes paramilitaires d’extrême droite, un lien qu’il a toujours nié. Mercredi, il a de nouveau clamé son innocence.  

Selon son avocat, l’affaire pourrait être prescrite le 9 octobre 2025 si un verdict n’est pas rendu avant cette date.

Le président de gauche Gustavo Petro (élu à l’été 2022), opposant historique de M. Uribe, a commenté dans un message sur X que son « gouvernement ne persécute pas et ne persécutera pas l’opposition et s’abstiendra de toute intervention dans le processus judiciaire ».

Au pouvoir, M. Uribe avait mis en œuvre une politique de fermeté à l’égard des guérillas d’extrême gauche opérant dans le pays, politique applaudie par ses partisans, mais vivement critiquée par l’opposition de gauche et les défenseurs des droits de la personne.