(Bogotá) Une organisation colombienne a découvert de « multiples » restes humains dans un lieu situé près de la frontière avec le Venezuela après un signalement effectué par un ex-chef paramilitaire d’extrême droite, a annoncé mercredi un tribunal colombien.

L’Unité de recherche des personnes disparues (UBPD) a localisé les corps dans la municipalité de Juan Frio (nord-est), à moins d’un kilomètre du Venezuela, sur les indications du Colombo-Italien Salvatore Mancuso, dont les milices ont rendu les armes en 2006 et qui purge une peine d’emprisonnement de 15 ans et huit mois aux États-Unis pour trafic de drogue.

Des agents se sont rendus sur place « et ont constaté qu’il y avait effectivement bien des restes (humains) à cet endroit », a déclaré à la station Blu Radio Roberto Vidal, président de la la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), un tribunal chargé de juger les crimes les plus graves du conflit en Colombie.

« Avec cette information préliminaire, ils vont entamer une enquête minutieuse pour […] essayer d’identifier les corps », a ajouté M. Vidal, dont la juridiction a été créée à l’issue de l’accord de paix de 2016 avec la guérilla des FARC, tout comme l’UBPD.

M. Vidal n’a pas précisé combien de corps ont été découverts à Juan Frio, indiquant seulement la présence de « multiples restes » humains.

Salvatore Mancuso a déposé les armes en 2006 dans le cadre d’un accord de paix avec l’ancien président colombien Alvaro Uribe (2002-2010), puis a été remis aux autorités américaines.

Emprisonné dans l’État américain de Géorgie, il a demandé en mai de l’aide afin de retrouver les corps de plus de 200 personnes enterrées par son groupe armé au Venezuela.

Selon M. Vidal, l’ancien dirigeant des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), un regroupement de groupes paramilitaires déterminés à freiner l’avancée des guérillas, a déjà indiqué « quelques coordonnées (géographiques) de l’autre côté de la frontière » où des corps pourraient être retrouvés.

L’UBPD estime que quelque 100 000 personnes ont été victimes de disparitions forcées au cours du conflit armé qui a meurtri la Colombie durant six décennies.

Les AUC ont semé la terreur et persécuté des milliers d’habitants, en grande majorité des paysans et militants politiques, sans qu’ils n’aient le moindre lien avec les guérillas.