(Caracas) L’opposant vénézuélien Juan Guaidó a estimé jeudi que le « gouvernement intérimaire » devait rester en place même s’il n’en est plus le président, alors que trois partis de l’opposition veulent sa disparition.  

Ce gouvernement et cette présidence alternatifs avaient été créés en 2019 lorsque l’opposition à Nicolas Maduro et la communauté internationale ont refusé de reconnaître la réélection de l’héritier d’Hugo Chavez. Sans pouvoirs réels, ils contrôlent toutefois les actifs vénézuéliens à l’étranger.

« Ma proposition est que l’institution soit défendue au-dessus des noms ou des intérêts personnels et que cet outil ne soit pas détruit », a déclaré Guaidó dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

L’opposition débat depuis mercredi sur sa suppression.

Trois des quatre grands partis d’opposition veulent sa suppression alors que Voluntad Popular, le parti de M. Guaidó et de l’opposant exilé Leopoldo Lopez, estime que mettre fin à la présidence intérimaire permettrait au président Maduro de remettre la main sur les ressources vénézuéliennes bloquées à l’étranger par les sanctions et contrôlées par l’opposition.

« Maintenir la présidence (intérimaire) n’a rien à voir avec Juan Guaidó. C’est un devoir. Vous avez les votes pour détruire la présidence intérimaire. Pas Maduro. Mais vous avez aussi les votes pour la conserver et nommer les personnes qui la composent », a ajouté M. Guaidó, s’adressant aux députés de l’ancien Parlement élu en 2015, qui défendent sa continuité en considérant frauduleuses les élections législatives remportées par le pouvoir en 2020.  

Ces parlementaires élus en 2015 voteront ce vendredi pour décider de l’avenir de la présidence.  

Ne reconnaissant pas la réélection de Nicolas Maduro en 2018 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, M. Guaidó s’était autoproclamé « président » en janvier 2019, et avait obtenu la reconnaissance d’une cinquantaine de pays, dont les États-Unis et la France.  

Toutefois, le soutien international s’est depuis étiolé. On assiste même à un réchauffement entre Washington et M. Maduro, dans le contexte de la crise pétrolière provoquée par la guerre en Ukraine.

Les trois partis favorables à la disparition du « gouvernement provisoire » (Primero Justicia, Accion Democratica et Un Nuevo Tiempo) ont confirmé leur position mardi dans un communiqué : « le gouvernement provisoire a cessé d’être utile […] et ne présente aucun intérêt pour les citoyens ».

L’opposition a annoncé qu’elle organiserait des primaires l’année prochaine afin de choisir un candidat unique pour affronter Maduro lors de la présidentielle de 2024. M. Guaidó fait partie des possibles candidats.