(Bogotá) Au moins six militaires colombiens ont été tués mardi par des dissidents de la guérilla marxiste des FARC, dans le sud-ouest de la Colombie, où les opérations militaires vont se poursuivre contre ces groupes qui refusent l’offre de paix du gouvernement, a prévenu le président Petro.

Il s’agit de la pire attaque depuis que plusieurs factions de ces dissidences des Forces armées révolutionnaires de Colombie ont répondu positivement cet automne à une offre de négociation du nouveau pouvoir de gauche.

Ces groupes armés rejettent l’accord signé en 2016 avec la guérilla marxiste, qui a depuis lors déposé les armes.  

Les six soldats tués mardi ont été attaqués vers trois heures du matin dans une zone rurale de Buenos Aires (sud-ouest), dans le département du Cauca, a indiqué l’armée dans un communiqué.

« Plusieurs soldats ont perdu la vie […] Tous de jeunes hommes âgés de 18 à 20 ans », a indiqué le président Gustavo Petro à l’issue d’un conseil de sécurité extraordinaire à Bogota.

Ils ont été la cible « d’une opération d’infiltration préméditée et planifiée par la colonne “Jaime Martinez” », l’une des principales factions de la dissidence des FARC, selon M. Petro.

Les opérations militaires « ne cesseront pas tant qu’il n’y aura pas une réelle volonté de négocier », a prévenu le chef de l’État, évoquant une prochaine « réaction » des forces de sécurité, qui « ne quitteront donc pas la région du Cauca ».

« La possibilité de dialogue aujourd’hui ne se limite pas à l’arrêt des opérations militaires », a-t-il martelé.

« Mesures d’action et de réaction »

La Colombie a subi plus d’un demi-siècle de conflit armé entre l’État et divers groupes de guérilleros de gauche, de paramilitaires de droite et de trafiquants de drogue.

Gustavo Petro, opposant historique devenu en août le tout premier dirigeant de gauche du pays, s’est engagé à adopter une approche moins belliqueuse pour mettre fin à cette violence.

Il entend négocier avec tous les groupes armés, y compris criminels, dans le cadre d’un ambitieux projet de « paix totale ».  

Un projet de loi en ce sens est à l’examen au parlement, en attendant son adoption.

Une dizaine de groupes armés sont « en situation de cessez-le-feu bilatéral », selon le gouvernement, alors qu’ils seraient près de 90 groupes politiques et/ou criminels à opérer aujourd’hui en Colombie, comptant au total environ 10 000 membres, selon l’ONG Indepaz.

À ce jour, « il n’y a qu’un seul processus concret avec l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste) », a précisé mardi M. Petro.

Un autre processus de négociations « va s’ouvrir demain, avec des groupes différents […], étroitement liés au trafic de drogue dans les quartiers populaires de Buenaventura » (ouest), a-t-il détaillé.

Ces discussions, avec deux puissants gangs rivaux, les « Shottas » et les « Espartanos », qui ont mis en coupe réglée le grand port de la côte Pacifique, sont « une expérience nouvelle sans précédent », selon M. Petro.

Le « conseil de sécurité, en plus de regretter la mort de ces jeunes hommes, a pris des mesures de réaction, d’action, qui vont se déclencher dans le Putumayo (sud-ouest), dans la région du Cauca et dans l’Arauca (nord-est), où il y a également des conflits croissants », a-t-il affirmé.

Dans le Cauca en particulier, la zone de Naya, où l’armée est actuellement déployée et a subi l’attaque mardi, sur les contreforts de la cordillère des Andes occidentale, la situation « a évidemment à voir avec les routes du trafic de drogue […] pour atteindre l’océan Pacifique », a souligné le président Petro.

Selon un bilan lundi du gouvernement, depuis l’accession au pouvoir de Gustavo Petro, l’armée a mené 108 opérations, capturé 4308 suspects et neutralisé 1200 laboratoires de production de cocaïne, tandis que les saisies de cocaïne par la marine sont en augmentation de 30 %.

« Nous n’avons pas l’intention de céder un pouce de territoire national à la criminalité, au trafic de drogue, à ceux qui sont hors la loi et qui ne sont engagés dans aucun des processus mis en place pour aller vers la paix totale », a assuré lundi le ministre de l’Intérieur, Alfonso Prada.