(Lima) Deux jours après la libération d’une centaine de touristes, des habitants autochtones de la région amazonienne du Pérou retenaient un autre bateau avec environ 70 passagers à bord pour protester contre le manque d’aide gouvernementale après une fuite de pétrole, selon une radio locale dimanche.

« Nous sommes environ 70 passagers retenus sans raison apparente. Les indigènes nous menacent avec leurs lances et leurs flèches », a raconté à la radio RPP l’avocat Luis Otazu, disant se trouver à bord du bateau.

« Nous avons ici 25 enfants qui pleurent, des adultes, des mères de famille et des femmes enceintes », a-t-il poursuivi.

Le Coquito, transportant marchandises et passagers, a été intercepté samedi matin sur la Marañón, une rivière faisant face au territoire de la communauté Cuninico.

Des groupes autochtones bloquent depuis jeudi le passage de tout type de bateau sur ce cours d’eau pour protester contre le déversement de brut provoqué le 18 septembre par une rupture de l’oléoduc Norperuano (ONP) dans la région sauvage de Loreto, dans le nord du pays.

Vendredi, une centaine de touristes pris en otage la veille par les mêmes groupes autochtones avaient été libérés.

Selon une autre passagère du Coquito, Scarlet Rodríguez, les passagers étaient « totalement séquestrés » et d’autres bateaux de marchandises étaient retenus dans la zone.

Le leader de la protestation, Galo Vásquez, représentant de la communauté autochtone de Cuninico, a indiqué que « le bateau ne pourrait pas repartir tant qu’une délégation gouvernementale ne serait pas envoyée pour dialoguer ».

Ni la police ni les autorités n’ont commenté pour le moment ce nouvel incident.

Le 27 septembre, le gouvernement avait décrété l’état d’urgence pour 90 jours dans la zone touchée par la fuite de pétrole sur le territoire des communautés Cuninico et Urarinas, où vivent quelque 2500 autochtones.

L’oléoduc Norperuano de la compagnie étatique Petroperú, l’un des plus grands ouvrages du Pérou, a été construit il y a quatre décennies pour transporter du pétrole de la région amazonienne à Piura, sur la côte, soit sur quelque 800 km.