(Rio de Janeiro) De nombreux axes routiers restaient bloqués au Brésil lundi, tandis que la sécurité était renforcée en fin de journée à Brasilia, en prévision de la possible arrivée de manifestants protestant contre la défaite de Jair Bolsonaro à la présidentielle dimanche.

Le secrétariat de la Sécurité publique du district fédéral de Brasilia (SSP/DF) a indiqué avoir restreint l’accès des véhicules « de façon préventive pour des raisons de sécurité », à la place des Trois Pouvoirs, qui rassemble le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Parlement, proche de l’immense esplanade des ministères, lieu de rassemblement dans la capitale.

« La mesure a été prise après l’identification d’une possible manifestation convoquée à cet endroit sur les réseaux sociaux », ajoute la police.

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Les autorités font état de routes bloquées dans au moins 16 États, y compris une autoroute reliant Rio de Janeiro et Sao Paulo, la capitale économique du pays.

Les autoroutes d’au moins 16 États (sur 27) ont enregistré des blocages dans la nuit et lundi matin, selon la police routière fédérale (PRF). Elle indique que « 47 points d’obstruction » subsistaient encore, dont l’autoroute reliant Rio de Janeiro et Sao Paulo, la capitale économique du pays.

Sur cet axe, à Barra Mansa, à une centaine de kilomètres de Rio, une interminable file de véhicules était à l’arrêt, dont de nombreux camions.  

La PRF est présente, au milieu des manifestants qui affichent clairement leur appartenance au camp bolsonariste défait dans les urnes, avec des affiches de leur leader ou portant le maillot jaune et vert de la sélection nationale de football.

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La Police Fédérale des Routes (PRF) a indiqué avoir rétabli la circulation sur au moins huit points de passage aux premières heures de la matinée, mais qu’un groupe de manifestants continuait ses actions à d’autres endroits.

« On n’acceptera pas de perdre ce qu’on a conquis jusqu’à présent, ce qu’on veut c’est que prévale ce qui est inscrit notre drapeau : “Ordre et Progrès”. On n’acceptera pas la situation telle qu’elle est », en référence à l’élection, dit à l’AFP un manifestant, Antoniel Almeida, 45 ans, qui porte de fines lunettes.

Bolsonaro « a été enlevé de son trône par la force, et on va le remettre au pouvoir avec la force qui est la nôtre, nous, le groupe des camionneurs », renchérit Ezequias, un chauffeur routier de 40 ans, casquette vissée sur la tête, qui n’a souhaité donner que son prénom.

Sur le point de blocage, la presse a été menacée par les manifestants. Les journalistes se sont regroupés et ont choisi de quitter les lieux.

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Plusieurs points de passage de l’État agricole du Mato Grosso, qui a majoritairement voté pour le président d’extrême droite, ont été bloqués dans la matinée « au moyen de pneus en feu et divers véhicules », tels des camions, des voitures ou des camionnettes.

Dans l’État de Santa Catarina (sud), où Jair Bolsonaro a obtenu un large soutien, quelques dizaines de manifestants portant des chandails jaunes, des drapeaux brésiliens et des affiches avec le visage du président ont bloqué une autoroute avec des camions et d’autres véhicules.  

Entonnant l’hymne national, ils étaient réticents à s’identifier ou à parler à la presse, selon un photographe de l’AFP.

Plusieurs points de passage de l’État agricole du Mato Grosso (centre-ouest), qui a majoritairement voté pour le président d’extrême droite, ont été bloqués dans la matinée « au moyen de pneus en feu et divers véhicules », tels des camions, des voitures ou des camionnettes, a annoncé la Concessionaria Rota Oeste, le gestionnaire d’une autoroute dans cet État.

Dans l’État du Parana (sud), lui aussi majoritairement bolsonariste, la PRF a indiqué avoir rétabli la circulation sur au moins huit points de passage aux premières heures de la matinée, mais qu’un groupe de manifestants continuait ses actions à d’autres endroits.

Plus de 20 heures après le résultat officiel, Jair Bolsonaro n’a toujours pas reconnu la victoire de Lula, contrairement à plusieurs de ses alliés au gouvernement et de nombreux chefs d’État étrangers.

Après avoir perdu par une marge étroite (à 0,9 % du seuil de 50 %), le président encore en exercice jusqu’au 1er janvier, date de la passation de pouvoir, a passé la journée au palais présidentiel du Planalto à Brasilia, puis est retourné en fin de journée dans la résidence officielle d’Alvorada, a constaté un photographe de l’AFP.