(Quito) Un dirigeant actuel et deux ex-dirigeants d’une entreprise japonaise agricole implantée en Équateur ont été accusés de traite humaine et d’exploitation, a annoncé jeudi le parquet du pays sud-américain.

Une juge a interdit à ces trois personnes, des Équatoriens, de quitter le territoire et les a placés sous surveillance électronique. « En outre, elle a ordonné l’interdiction d’aliéner des biens meubles et immeubles au nom de la société Furukawa pour garantir d’éventuelles réparations globales aux victimes », a précisé le bureau du procureur.

Furukawa, présente en Équateur depuis 1963, cultive et transforme de l’abaca, une espèce de bananier dont les fibres très résistantes sont utilisées pour fabriquer du papier fin ou dans le domaine automobile.

L’entreprise, filiale du japonais FPC Marketing, a été dénoncée pour avoir promu « des conditions de vie, de logement et de travail indignes, précaires et inhumaines », selon le parquet.

Un rapport du Défenseur du peuple, l’ombudsman équatorien, a comparé ces conditions à « une forme contemporaine d’esclavage », rappelle le parquet dans son communiqué.

D’anciens ouvriers accusent Furukawa de violer les droits humains et d’avoir forcé ses employés à travailler dans des conditions inhumaines dans ses plantations, où œuvraient des familles entières, y compris des enfants.

Un juge constitutionnel a condamné en avril dernier l’entreprise à indemniser quelque 120 ex-salariés d’un montant pas encore fixé, et à remettre cinq hectares de terrain à chacun d’eux.

L’entreprise, considérée comme le principal producteur d’abacas en Équateur, possède quelque 23 000 hectares répartis dans 32 fermes implantées dans trois provinces côtières.

L’Équateur est le deuxième producteur mondial d’abacas. La vente de fibre d’abaca a généré 32,7 millions de dollars en 2020. De janvier à août 2021, les ventes ont atteint 24,3 millions.