(Port-au-Prince) Seules 27 000 personnes ont été entièrement vaccinées contre le coronavirus en Haïti, où la faible virulence de l’épidémie n’attire pas les habitants dans les centres de vaccination, à tel point que les autorités entendent renvoyer les stocks non utilisés de vaccins vers des pays où la demande est plus pressante.

« On n’a pas besoin de vaccins pour le moment mais de gens à vacciner », résume Lauré Adrien, directeur général du ministère de la Santé publique et de la population.

Le pays des Caraïbes n’avait reçu un premier lot de 500 000 doses qu’en juillet mais depuis, selon les données du ministère, seuls un peu plus de 27 000 Haïtiens sur 11 millions d’habitants ont été pleinement vaccinés, et 43 000 autres ont reçu une première dose.

Avant l’été, certains Haïtiens ayant les moyens de voyager s’étaient rendus aux États-Unis pour se faire vacciner mais cela ne représente qu’une « portion infime de la population » selon le responsable.

« On a commencé une stratégie de vaccinodromes dans certaines mairies. Malheureusement, ça n’a pas eu les résultats escomptés : ça n’a pas été la grande foule », reconnaît le Dr Lauré Adrien.  

Afin d’éviter le gaspillage des doses arrivant à expiration en novembre, les autorités vont renvoyer les stocks non utilisés vers des pays où la demande est plus urgente.

« En échange, on aura des vaccins qui auront des dates d’expiration plus prolongées », explique William pape, infectiologue haïtien.

« Les Haïtiens ne sont pas contre la vaccination en général. On a eu l’expérience avec le vaccin contre le choléra, largement accepté », rappelle le médecin, qui a établi le principal centre de lutte contre les maladies infectieuses du pays face à un grand bidonville de Port-au-Prince.

Entre octobre 2010 et janvier 2019, Haïti a été ravagée par une épidémie de choléra, importée par des Casques bleus népalais, qui a tué plus de 10 000 personnes et infectée plus de 800 000 autres.  

« Ici, les gens croient en la réalité de tous les jours. Selon la dernière enquête qui a été réalisée, 88 % savent qu’il y a la COVID-19 en Haïti mais ils n’ont pas connu de personne qui soit morte de la COVID-19 », rapporte le Dr pape.

Cette faible virulence de l’épidémie est un soulagement pour Haïti, pays parmi les plus inégalitaires au monde, où la grande majorité des habitants n’a pas accès aux soins de santé de base.