(Bogota) L’ONU a demandé une enquête sur l’assassinat de deux adolescents vénézuéliens, accusés d’avoir volé dans un magasin et exécutés peu après dans une localité du nord-est de la Colombie, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Sur des vidéos et photos largement relayées sur les réseaux sociaux, les deux garçons apparaissent dans les locaux de la boutique où ils ont tenté de voler, manifestement pris en flagrant délit. Le plus jeune des deux porte un petit sac à dos rouge d’écolier et paraît à peine adolescent.

L’air contrit, les poignets liés par du gros scotch, ils sont entourés de plusieurs personnes qui leur font la leçon. « Malheureusement, ce sont deux enfants très jeunes, on ne veut pas vous voir gisant au bord d’une route demain, on va vous remettre aux autorités », assure un homme.

Toujours selon des images diffusées sur les réseaux sociaux, les corps des deux adolescents ont été retrouvés peu après gisant dans leur sang sur un sentier de campagne, apparemment exécutés d’une balle dans la poitrine.

Un bout de carton sur lequel est écrit à la main « voleur » a été jeté sur l’enfant au sac à dos rouge.

L’incident a eu lieu samedi dans la localité de Tibu, dans le département du nord de Santander, à la frontière du Venezuela, où sévissent de nombreuses bandes criminelles et groupes armés.  

Les autorités de la province ont condamné la « violence inacceptable » de ces assassinats « d’un mineur et d’un jeune majeur », tous deux de nationalité vénézuélienne.

Dans un communiqué sur Twitter, la représentation en Colombie de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU a condamné « l’assassinat samedi d’un enfant de 12 ans », et demandé aux autorités d’enquêter sur ces faits, sans faire référence cependant à la deuxième victime majeure.

La police a accusé des dissidents de la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, signataires de l’accord de paix de 2016) d’être responsables de ces exécutions, en particulier des membres du « Front 33 », très actif dans cette région où règne une grande insécurité.

Elle a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les faits, ainsi qu’une enquête interne.

Cité par la presse, le commandant de la police de Nord Santander, le colonel Carlos Martinez, a affirmé qu’avant l’arrivée de la police, « des hommes armés à moto sont arrivés sur place, ont emmené les deux enfants et les ont tués à la périphérie de la municipalité ».

Les médias colombiens ont diffusé lundi après-midi des images d’une caméra de sécurité confirmant cette version des faits, et montrant deux civils en armes non identifiés entrant dans le magasin pour s’emparer des deux adolescents et les emmener.

En visite aux États-Unis, le président colombien Ivan Duque a commenté l’affaire : « Ces actes fratricides font très mal », a-t-il déploré, soulignant la présence « des groupes armés illégaux depuis longtemps » dans cette région frontalière.