(Santiago du Chili) Les Nations unies ont fait part lundi de leur « préoccupation face à la violence et la xénophobie » au Chili envers les migrants après une manifestation hostile à des Vénézuéliens samedi dans le nord de ce pays.

« Nous demandons aux autorités et à la population d’agir dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire », a déclaré sur Twitter le bureau de l’ONU au Chili.

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Des manifestants lors d’un défilé contre l’immigration illégale à Iquique, au Chili, le 25 septembre 2021.

Samedi, environ 3000 personnes ont manifesté à Iquique, à près de 2000 km de Santiago, contre la présence de migrants, en grande majorité vénézuéliens, qui campent dans cette ville portuaire de 190 000 habitants. Des manifestants ont brûlé des affaires appartenant à des migrants. Une enquête a été ouverte.  

Le Venezuela est, après la Syrie, le pays qui compte le plus grand nombre de ressortissants déplacés dans le monde, soit quelque 5,6 millions depuis 2015, selon les évaluations de l’ONU.

La manifestation de samedi a eu lieu au lendemain de l’évacuation par les forces de l’ordre d’un campement de migrants installé depuis un an sur une place d’Iquique. La plupart, pauvres et sans papiers, sont bloqués dans cette ville, survivant grâce à de petits boulots, sans aucun moyen de gagner la capitale.

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Des manifestants détruisent les biens de migrants vénézuéliens installés dans un camp de fortune sur une place publique lors d’un rassemblement contre l’immigration illégale à Iquique, Chili, le 25 septembre 20

Le représentant spécial pour les réfugiés et les migrants vénézuéliens auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale des migrations (OIM), Eduardo Stein, a fait part dans une lettre ouverte de sa « consternation » face aux actes de « haine, d’intolérance et de xénophobie » qui se sont produits à Iquique.  

Le ministre de l’Intérieur du Chili, Rodrigo Delgado, a exprimé son désaccord avec les actes de violence. Cependant, « nous allons poursuivre les évacuations de tous les espaces publics » qui sont « nécessaires » et le « programme d’expulsions » de migrants clandestins, a-t-il ajouté.

En 2018, le Chili avait mis en œuvre une politique migratoire généreuse à l’égard des Vénézuéliens forcés de quitter leur pays en raison de la profonde crise politique et économique qui y sévit.

Mais le gouvernement a depuis donné un tour de vis, procédant récemment à plusieurs opérations d’expulsion, notamment de migrants entrés clandestinement par les Andes dans le Nord.

Selon des données officielles, 23 673 personnes sont illégalement entrées au Chili entre janvier et juillet, soit 7000 de plus que sur l’ensemble de l’année 2020.