(Caracas) Au moins 29 prisonniers sont morts et 19 policiers ont été blessés vendredi au Venezuela dans des affrontements dans un centre de détention surpeuplé à Acarigua, dans l’État de Portuguesa (ouest), ont annoncé les autorités.

Une intervention des forces spéciales de la police (FAES) pour empêcher « une tentative d’évasion de masse » s’est soldée par « un bilan de 29 personnes mortes parmi la population pénale », a déclaré à la presse le responsable de la sécurité de l’État de Portuguesa, Oscar Valero.

Selon lui, les mutins ont tiré « une pluie de balles » sur les policiers et leur ont lancé trois grenades, faisant 19 blessés parmi les agents.

Un précédent bilan fourni par Una ventana de libertad (Une fenêtre de liberté), une organisation de défense des droits des prisonniers, faisait état de 25 morts parmi les détenus.

Selon le directeur de cette ONG, Carlos Nieto, un commando des FAES a fait irruption dans le centre de détention préventive pour délivrer des visiteurs pris en otage jeudi par un détenu. Ce dernier, considéré comme le meneur des mutins, est mort dans les affrontements.

Depuis jeudi, une vidéo circulait sur les réseaux sociaux, montrant un détenu du centre d’Acarigua au visage partiellement masqué, armé d’un pistolet et apparemment de deux grenades, en train de menacer deux femmes. « Ils ne vont pas me mettre (au cachot) parce que je suis prêt à mourir. Ici nous voulons la paix », disait-il, pendant qu’une de ses otages lançait des appels suppliants à l’aide.

500 détenus pour 60 places

Au Venezuela, les cas de violence sont fréquents dans les centres de détention provisoire où, selon le code pénal, les prisonniers ne sont pas censés rester plus de 48 heures.  

Selon Una ventana de libertad, il existe 500 centres de ce type dans le pays qui accueillent un total de 55 000 détenus pour une capacité d’à peine 8000 places.

Dans celui de la localité d’Acarigua, d’une capacité de 60 personnes, 500 personnes étaient détenues, indique un rapport policier auquel l’AFP a eu accès.

Selon Carlos Nieto, les mutins exigeaient « de la nourriture et un transfert dans des prisons », dénonçant également des « abus » de la part des policiers chargés de leur surveillance.  

Les centres de détention provisoire « ne sont pas des lieux appropriés pour détenir des détenus pendant plus de 48 heures. C’est le travail du ministère de s’occuper des prisonniers, mais il n’assume pas les fonctions qui lui incombent », a déclaré le militant.

La situation est « chaotique » dans l’ensemble du système pénitentiaire, a-t-il ajouté, soulignant que des gangs prennent de plus en plus le contrôle de prisons.

Interrogé par l’AFP, Humberto Prado, directeur de l’Observatoire vénézuélien des prisons, a dénoncé un « massacre ».  

Le 28 mars 2018, 68 prisonniers avaient péri dans l’incendie de leurs cellules lors d’une mutinerie dans un centre de détention à Valencia (nord). En août 2017, 37 prisonniers sont morts dans un centre de détention de l’État d’Amazonas (sud), également lors d’une mutinerie.

Selon les organisations humanitaires, plus de 400 personnes ont été tuées depuis 2011 dans les prisons vénézuéliennes où la corruption, la malnutrition et le manque de soins s’ajoutent à la violence endémique, dans un pays en proie depuis des mois à une interminable crise économique et politique.

De plus, des ONG accusent régulièrement les FAES-une unité de police d’élite-de violations des droits de l’homme, notamment d’exécutions extra-judiciaires, dans le cadre de la lutte contre la criminalité.