La Russie, alliée du président vénézuélien Nicolas Maduro, a promis vendredi de poursuivre son aide humanitaire « légitime » au Venezuela, qui lui a proposé du pétrole en échange.

Recevant la vice-présidente Delcy Rodriguez, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov l'a assurée de la « solidarité » de Vladimir Poutine envers Nicolas Maduro face à « un assaut frontal et une ingérence sans vergogne » des pays occidentaux qui ont reconnu l'opposant Juan Guaidó.

« La Russie va continuer d'aider les autorités du Venezuela à résoudre les difficultés économiques et sociales, y compris par l'octroi d'aide humanitaire légitime », a précisé M. Lavrov après l'entretien.

Sergueï Lavrov a assuré que la Russie a envoyé « un premier lot de 7,5 tonnes de médicaments » à destination du Venezuela. Il a précisé que Moscou examinait « une liste supplémentaire de médicaments » demandés par Caracas.

Il a ajouté que la Russie procédait à « des livraisons massives de blé » « qui aident grandement le gouvernement vénézuélien ». Selon le ministère de l'Agriculture, cité par l'agence Interfax, la Russie a livré en janvier 30 600 tonnes de blé au pays sud-américain pour 7,1 millions de dollars. Pendant toute l'année 2018, 257 200 tonnes y ont été exportées.

« Tout ce dont à besoin le Venezuela, la Russie l'a. Le Venezuela peut de son côté donner du pétrole, dont a besoin la Russie », a plus tard déclaré Delcy Rodriguez, citée par les agences de presse russes, au cours d'une rencontre avec Viatcheslav Volodine, le président de la chambre basse du Parlement russe.

Elle a annoncé la fermeture du bureau à Lisbonne du groupe public PDVSA, pilier de l'économie vénézuélienne et cible de sanctions de la part des États-Unis, transféré à Moscou.

Le Venezuela est confronté à la pire crise politique et économique de son histoire, marquée par l'hyperinflation et des pénuries de produits de première nécessité.

Le chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaidó avait promis de faire entrer l'aide humanitaire, mais son plan a échoué face à la résistance des forces loyales à Nicolas Maduro, qui a dénoncé une tentative déguisée d'intervention militaire de la part des États-Unis.

Sergueï Lavrov a jugé « inadmissible la politisation du sujet de l'aide humanitaire », estimant que cette question devait se régler « par les pratiques internationales et non servir de prétexte à une manipulation de l'opinion publique, à la mobilisation des forces antigouvernementales et pour justifier des desseins interventionnistes ».

La semaine dernière, Moscou avait déjà accusé les États-Unis de se servir de l'aide humanitaire comme « prétexte pour une action militaire ».

« Aux yeux du monde entier se déroule une campagne cynique visant à renverser le gouvernement légitime du Venezuela, y compris par la menace d'une intervention militaire », a déclaré Sergueï Lavrov vendredi.

« Le rejet absolu et universel du scénario militaire refroidira, je l'espère, les têtes brûlées de Washington, bien qu'il y en ait là-bas que rien n'arrête », a-t-il aussi déclaré.

Juan Guaidó, le président social-démocrate de l'Assemblée nationale contrôlée par l'opposition, s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier en invoquant la Constitution.

Il a été reconnu président par intérim ou est soutenu par une cinquantaine de pays, mais le président Nicolas Maduro, soutenu par ses alliés parmi lesquels la Russie, a dénoncé une tentative de coup d'État fomentée par Washington.