L'attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva, a déclaré samedi à l'AFP ne plus reconnaître Nicolas Maduro comme le président légitime du pays, et a appelé ses « frères militaires » à soutenir le président autoproclamé Juan Guaido.

« Le bureau de l'attaché militaire ne reconnaît pas le président Nicolas Maduro qu'il considère comme un usurpateur et reconnaît Juan Guaido comme président légitime par intérim », a-t-il déclaré.

« Cette position est en conformité avec la Constitution et les lois du Venezuela, et j'ai appelé mes frères militaires à se joindre au soutien apporté à Guaido », a-t-il ajouté.

« Nous devons avoir la responsabilité institutionnelle de le soutenir car c'est la seule façon de s'en sortir », a ajouté José Luis Silva.

« Ce n'est qu'un début », a-t-il affirmé, soulignant vouloir « un changement » pour son pays.

José Luis Silva, le plus haut diplomate militaire vénézuélien en poste aux États-Unis, a indiqué s'être entretenu avec ses supérieurs à Caracas afin de les informer de sa décision.

« Usurpation »

« J'ai parlé avec mes supérieurs et ils savent que je ne suis pas d'accord avec ce qui se passe, avec l'usurpation de pouvoirs, les mauvais traitements infligés à la population et la situation d'extrême pauvreté dans un pays aussi riche en ressources humaines et naturelles que le Venezuela », a-t-il ajouté.

Le colonel Silva a indiqué avoir également eu samedi matin une conversation avec le président autoproclamé vénézuélien Juan Guaido au cours de laquelle il s'est dit prêt à lui obéir.

« Je lui ai dit que j'aimais mon pays, que je l'admirais pour le travail qu'il accomplit, pour avoir eu la volonté de dire à ce gouvernement qu'il est illégitime », a-t-il dit, soulignant avoir choisi cette voie parce qu'elle est « du côté du peuple et des lois ».

Le haut responsable militaire a rapporté que cette conversation avait été celle de de deux personnes souhaitant le « bien-être » de leur pays.  

« Le président Guaido a son plan de travail : mettre fin à l'usurpation et organiser des élections libres et transparentes », a déclaré José Luis Silva. « Il ne va pas s'emparer du pouvoir comme ces gens l'ont fait », a-t-il assuré.

L'attaché militaire du Venezuela à Washington a soutenu que sa prise de position ne lui avait été dictée par aucune puissance étrangère.

« Je le fais en tant qu'attaché militaire. Il n'y a pas d'ordre venant d'un autre pays, et les États-Unis n'ont à aucun moment provoqué ma décision », a-t-il dit.

Les États-Unis, le Canada et la plupart des pays d'Amérique latine ont reconnu Juan Guaido comme le président par intérim légitime du Venezuela.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a appelé samedi les pays du monde entier à unir leurs forces pour soutenir M. Guaido, qui bénéficie également d'un fort soutien européen.

José Luis Silva, en mission aux États-Unis depuis cinq ans, a déclaré ne pas avoir l'intention de quitter le territoire américain, M. Guaido ne le lui demandant pas.  

Il a en revanche indiqué qu'à part lui, tout le personnel diplomatique de la délégation vénézuélienne à Washington, dirigée par la chargée d'affaires Lissett Hernandez, était déjà rentré à Caracas sur ordre du ministère des Affaires étrangères.  

« Aujourd'hui, les derniers sont partis. Quelque 14 diplomates sont rentrés à bord de différents vols commerciaux », a dit le colonel. Il a cependant précisé que du personnel travaillant au sein des divers consulats répartis sur l'ensemble du territoire américain était resté en place.

M. Guaido a demandé vendredi aux fonctionnaires consulaires vénézuéliens de continuer à exercer leurs fonctions.