Près de 500 femmes l'accusent d'agression sexuelle, mais le médium brésilien Joao de Deus (Jean de Dieu) a clamé son innocence mercredi, sous les vivats de centaines de fidèles vêtus de blanc.

« Je ne suis pas coupable », a déclaré Joao Teixeira de Faria, 76 ans, plus connu sous le pseudonyme de Jean de Dieu, en tentant en début de matinée de se frayer un chemin dans la foule.

C'était la première apparition publique de celui qui s'auto-intitule « guérisseur spirituel » depuis que le scandale a éclaté, en fin de semaine dernière.

Le médium, de petite taille, le regard pénétrant, a ému ses fidèles aux larmes en arrivant au temple de la Maison Ignace de Loyola d'Abadiânia, petite ville de 17 000 habitants, à environ 100 km de la capitale Brasilia.

Dès sa descente d'une voiture blanche, des centaines de personnes, dont de nombreux étrangers, lui ont témoigné leur soutien, avec des cris d'encouragement et des applaudissements.

Il s'est engouffré dans la salle de prières du temple, mais en est ressorti quelques minutes plus tard, devant des dizaines de caméras, sans faire d'autre déclaration.

Claudio José Pruja, bénévole de ce lieu de pèlerinage spirituel fondé en 1976, a expliqué que le médium ne se sentait pas en état de pratiquer ses sessions de «guérison», qui ont lieu d'habitude du mercredi au vendredi.

«Aucune preuve»

«Il est affecté. Il ne peut pas parler et ne peut pas incorporer (les esprits). Pour accomplir un travail spirituel, il faut être détendu», a déclaré ce collaborateur du médium.

Plusieurs centaines de femmes de plusieurs états du Brésil l'accusent d'agression sexuelle, sous prétexte de guérir «spirituellement» grâce à ses «chirurgies sans incision» des maux comme le cancer ou la dépression.

La réputation du médium a largement dépassé les frontières du Brésil. En 2012, il avait reçu à Abadiânia la visite de la vedette de la télévision Oprah Winfrey. Les trois derniers présidents brésiliens ont également eu recours à ses services.

Mais vendredi soir, une enquête diffusée sur TV Globo, la plus grande chaîne de télévision du pays a jeté un pavé dans la mare avec des témoignages de femmes relatant notamment avoir été contraintes de le masturber ou de pratiquer des fellations lors de séances de «guérison spirituelle».

Depuis, les autorités ont reçu de nombreuses accusations. Mardi soir, le parquet de l'État Goias, dont la ville d'Abadiânia fait partie, a affirmé avoir reçu depuis le début de la semaine des plaintes de «206 femmes se disant victimes de Joao de Deus». Deux d'entre elles résident à l'étranger, en Suisse et aux États-Unis.

Une procureure de Sao Paulo a par ailleurs indiqué à plusieurs médias brésiliens que plus de 252 femmes avaient signalé des agressions sexuelles au parquet local.

Mais à Abadiânia, les fidèles continuent à avoir une confiance aveugle en leur gourou.

«Tourisme spirituel»

José Carlos, comptable de  63 ans, est arrivé en à Abadiânia mardi depuis Sao Paulo, en quête de guérison pour son épouse, atteinte d'une tumeur cérébrale, et pour sa fille, en traitement psychiatrique.  

«Jusqu'à présent je n'ai vu aucune preuve présentée contre lui. Ils devraient parler aussi des guérisons qu'il a rendues possibles», déplore-t-il.

«Je crois qu'il s'agit de fausses accusations. Je connais beaucoup de femmes brésiliennes et étrangères qui ont eu des sessions privées avec lui plusieurs fois et elles n'ont jamais eu le moindre problème», rapporte Duncan Ryan, un Américain de 66 ans atteint d'un cancer de la peau.

Le temple est composé de plusieurs bâtiments aux murs blancs et bleus, avec des jardins fleuris qui donnent sur un grand espace dédié à la méditation. Les fidèles, dont un grand nombre viennent d'Europe et des États-Unis, déambulent en silence.

Le scandale sexuel a ébranlé la tranquillité d'Abadiânia, dont une grande partie des revenus provient du «tourisme spirituel», depuis la vente d'ouvrages religieux jusqu'aux excursions dans les cascades des environs.

«Nous n'avons pas encore ressenti l'impact (des dénonciations), peut-être la semaine prochaine», explique le propriétaire d'un restaurant situé à quelques mètres de la Maison Ignace de Loyola.

«Nous voulons qu'il paie pour ses crimes, s'il les a vraiment commis, mais ne voulons pas que la Maison soit fermée», demande le restaurateur, qui sert environ 200 couverts par jour.