La Maison-Blanche a imposé jeudi de nouvelles « dures » sanctions contre le Venezuela, accusé de faire partie, avec Cuba et le Nicaragua, d'une « troïka de la tyrannie » en Amérique latine.

Ces sanctions visent notamment le secteur de l'or, et les mesures punitives contre La Havane sont également renforcées, a annoncé John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis Donald Trump.

Dans un discours sur la politique américaine pour l'Amérique du Sud, il a salué l'élection récente de personnalités « de même sensibilité » que l'administration républicaine, notamment Ivan Duque en Colombie et le futur président d'extrême droite Jair Bolsonaro au Brésil. « Ce sont des signes positifs pour l'avenir de la région », a-t-il estimé.  

« Pour autant, nous sommes encore confrontés sur ce continent aux forces destructrices de l'oppression, du socialisme et du totalitarisme », a-t-il dénoncé.

John Bolton s'en est pris, dans une formule qui rappelle « l'Axe du Mal » de l'ex-président George W. Bush, à « ce triangle de la terreur qui va de La Havane à Caracas et à Managua » et à ses trois « tyrans qui pensent être des hommes forts et des révolutionnaires » mais qui ne sont en fait que « des figures clownesques et pitoyables ».

« La troïka de la tyrannie sur ce continent ne durera pas éternellement. Comme tous les régimes et les idéologies oppressifs, elle est vouée à disparaître », a-t-il insisté, conseillant aux dirigeants vénézuélien Nicolas Maduro, cubain Miguel Diaz-Canel et nicaraguayen Daniel Ortega de « craindre le pouvoir vertueux » de leurs peuples.

« Le président, et toute son administration, vont soutenir les combattants de la liberté », a lancé John Bolton depuis la Freedom Tower de Miami, où, a-t-il rappelé, résident de nombreux dissidents cubains et d'autres régimes latino-américains.

« Instabilité régionale »

Pour combattre les trois régimes accusés de « provoquer d'immenses souffrances humaines » et « une énorme instabilité régionale », et pour « défendre l'État de droit, la liberté et la dignité humaine minimale », le gouvernement américain se dit déterminé à continuer d'utiliser l'arme des sanctions.

Après avoir déjà ciblé 70 personnes ou entités au Venezuela, dont le président Maduro et son épouse, Donald Trump « a signé un décret présidentiel pour imposer de nouvelles dures sanctions » contre ce pays, a expliqué John Bolton.

« Les nouvelles sanctions viseront les réseaux qui interviennent dans les secteurs économiques vénézuéliens corrompus » et notamment, dans l'immédiat, dans le secteur de l'or, a-t-il détaillé. Aucun Américain ne pourra plus faire affaire avec le Venezuela dans ce secteur, « utilisé par le régime pour financer ses activités illégales, remplir ses coffres et soutenir des groupes criminels », d'après le conseiller de la Maison-Blanche.

Sans mentionner explicitement ces nouvelles mesures, Nicolas Maduro a réagi dans un discours radiotélévisé en disant espérer « qu'arrive un miracle » et qu'« un jour le président Donald Trump se rende compte de la voie sans issue » que représentent ses « politiques d'échec contre Cuba, le Venezuela et le Nicaragua ».

« Le président Donald Trump devrait ouvrir les yeux [...]. Le bon chemin est celui du respect, du dialogue [...], pas de la menace, du chantage, des sanctions illégales, ce n'est pas le chemin de l'humanité », a-t-il ajouté.

Comme Nicolas Maduro a, selon Washington, recours aux « mêmes tactiques oppressives utilisées par Cuba depuis des décennies », et que « la dictature cubaine permet au régime vénézuélien de mettre en oeuvre sa répression », John Bolton a fait savoir que les sanctions contre La Havane allaient également être durcies.

« Aujourd'hui, le département d'État a ajouté plus d'une vingtaine d'entités qui appartiennent à l'armée ou aux services de renseignement cubains, ou sont contrôlées par eux, à la liste des entités qui n'ont pas le droit de faire de transactions financières avec des Américains », a-t-il expliqué.

Alors que l'Assemblée générale de l'ONU a appelé jeudi à la levée de l'embargo américain contre Cuba, en place depuis 1962, et a rejeté une demande américaine de critiquer La Havane pour atteinte aux droits de l'homme, Washington a une nouvelle fois dénoncé « les vraies conséquences du socialisme et du communisme ».

L'ex-président démocrate Barack Obama avait renoué des relations diplomatiques avec Cuba en 2015 après un demi-siècle de rupture. Mais à son arrivée à la Maison-Blanche, son successeur républicain Donald Trump a durci le ton et donné un tour de vis aux restrictions imposées à l'économie cubaine.

« A Cuba, une dictature brutale, derrière la façade d'un nouveau dirigeant » après le départ des Castro, « continue de saper les institutions démocratiques, et d'emprisonner et torturer des opposants », a dénoncé John Bolton, critiquant le rapprochement de l'ère Obama.