Le premier ministre David Cameron s'est félicité mardi du «oui» quasi-unanime au référendum sur le maintien des Malouines dans le giron du Royaume-Uni, mais ce vote n'est pas de nature à mettre fin aux revendications argentines sur l'archipel de l'Atlantique Sud.

«Les habitants des Falklands (appellation britannique des Malouines) n'auraient pas pu envoyer un message plus clair. Ils veulent rester britanniques et ce voeu doit être respecté par tout le monde, notamment l'Argentine», a déclaré David Cameron, quelques heures après la publication des résultats officiels.

Organisé dimanche et lundi par les autorités de l'archipel avec la bénédiction de Londres, le référendum d'autodétermination s'est soldé par la victoire du oui à 99,8 % à la question de savoir si les Malouines devaient rester un territoire britannique d'outre-mer.

Quelque 92 % des 1672 électeurs des îles ont participé au scrutin, dont l'issue ne faisait aucun doute. Seuls trois votes se sont exprimés contre le maintien.

David Cameron s'est dit «ravi» de ce résultat, dont les Argentins «doivent bien prendre note», a-t-il insisté.

«Même si elles sont à des milliers de miles d'ici, les îles Falkland sont complètement britanniques et elles veulent le rester. La population doit savoir que nous serons toujours là pour la défendre», a ajouté le dirigeant conservateur.

Mais le résultat n'avait entraîné aucune réaction internationale immédiate mardi matin. Buenos Aires avait d'emblée rejeté l'issue du scrutin, prévenant qu'il ne mettrait pas un terme au différend sur la souveraineté de l'archipel, enjeu d'une guerre éclair en 1982.

«Nous respectons le souhait (des habitants des Malouines) de rester britanniques, mais le territoire sur lequel ils habitent ne l'est pas», avait déclaré lundi l'ambassadrice d'Argentine à Londres, Alicia Castro, qualifiant le scrutin de «manoeuvre médiatique et dilatoire».

Le résultat, annoncé lundi à 22 h 30 (21 h 30 à Montréal), a été accueilli par des célébrations dans la capitale de l'archipel, Stanley. «Il y a beaucoup de bruit ici, c'est énorme», a déclaré à l'AFP un député local, Barry Elsby. «Il y a des centaines de personnes rassemblées devant la cathédrale, qui chantent et agitent des drapeaux», a-t-il témoigné au téléphone.

L'élu local a estimé que le vote envoyait «un message au monde entier», alors que le comité spécial de l'ONU sur la décolonisation demande régulièrement l'ouverture de négociations entre Londres et Buenos Aires pour régler le contentieux sur les Malouines. Une requête également émise par la présidente argentine Cristina Kirchner, à laquelle Londres se refuse.

Mais le vote est avant tout symbolique. «D'un point de vue international, c'est un peu un non-événement», a commenté George Philip, professeur de politique comparée et spécialiste de l'Amérique latine à la London School of Economics (LSE), interrogé par l'AFP.

«Je ne pense pas qu'il aura beaucoup d'effet sur le reste du monde. La position britannique est bien connue, la position argentine aussi», a poursuivi le chercheur.

«En ce qui concerne les habitants, cela peut apporter une forme de soulagement psychologique étant donné qu'ils ont été mis sous pression par l'Argentine depuis un an», a-t-il noté.

Des observateurs internationaux, venus notamment d'Amérique latine, étaient sur place pour s'assurer du bon déroulement du scrutin. Ils l'ont jugé «libre et loyal».

Situées à 400 km des côtes argentines et à 12 700 km de Londres, les Malouines sont sous contrôle britannique depuis 1833.

L'archipel est toujours revendiqué par l'Argentine, plus de trente ans après la guerre qui a opposé ce pays au Royaume-Uni en 1982 pendant 74 jours, faisant 649 morts côté argentin et 255 côté britannique.

La découverte de gisements de pétrole à la fin des années 1990 n'a fait qu'aiguiser l'intérêt pour cet archipel battu par les vents, peuplé de plus de 2500 habitants et de près de 500 000 moutons.

Le trentième anniversaire de la guerre des Malouines a provoqué en 2012 un regain de tensions entre les deux pays, l'Argentine accusant notamment le Royaume-Uni de «militariser» la zone.