Plusieurs dizaines de milliers de personnes, principalement des étudiants, ont pris la rue hier à Santiago, capitale du Chili. Selon les organisateurs, ils étaient environ 150 000 à marcher «pour une éducation gratuite et de qualité». D'autres manifestations semblables avaient lieu en même temps dans d'autres villes et attiraient jusqu'à 5000 personnes, selon des médias locaux.

Depuis mars 2011, différents groupes étudiants du Chili réclament des changements au système d'éducation. Ils veulent notamment augmenter les contrôles étatiques pour améliorer la qualité et ils veulent empêcher les entreprises de s'enrichir en ouvrant des écoles privées. Ils demandent aussi la gratuité scolaire, alors qu'il peut en coûter jusqu'à 1000 $ par mois pour étudier dans certaines universités (le salaire familial moyen est d'environ 16 000 $ par année).

Canons à eau

La manifestation d'hier s'est mise en branle à 11 h à la plaza Italia, qui est devenue l'épicentre de la contestation, un peu comme le parc Émilie-Gamelin à Montréal. Le cortège s'est étendu sur environ deux kilomètres le long de l'artère principale de Santiago. La tension est montée de plusieurs crans vers midi, lorsque les carabineros (police nationale du Chili) ont sorti les canons à eau et ont tiré quelques jets, ce qui a incité un groupe de manifestants à arracher des clôtures et du pavé pour faire une barrière.

«Nous sommes ici pour dire au revoir aux entrepreneurs voleurs et pour mettre fin de manière définitive aux profits en éducation», a lancé Gabriel Boric, président de la Fédération étudiante de l'Université du Chili. Il a souligné que plusieurs écoles privées distribuent des profits à leurs actionnaires, ce qui est illégal.

L'an dernier, la Confédération des étudiants du Chili (CONFECH) avait déclenché une grève générale semblable à celle des étudiants québécois. Elle avait duré sept mois et causé la reprise de l'année complète dans les établissements touchés. Cette année, l'appel à la grève n'a pas été répété, malgré la poursuite des manifestations. Selon des étudiants, ce n'est pas un signe d'essoufflement. Depuis la fin de la grève, en décembre, la CONFECH compte dans ses rangs des associations étudiantes d'universités privées, ce qui est une première pour l'organisme.