Au moins 59 cadavres ont été retouvés dans un ranch du nord du Mexique, a-t-on appris mercredi alors que s'achevaient des manifestations dans 38 villes contre la violence des narcotrafiquants et les conséquences meurtrières de la riposte militaire du gouvernement mexicain.

Huit fosses clandestines contenant des cadavres ont été découvertes mardi dans le village de La Joya, municipalité de San Fernando, a indiqué mercredi soir un communiqué du parquet de l'État de Tamaulipas, frontalier avec les États-Unis.

Selon le parquet, l'enquête réalisé par les forces de police et des éléments de l'armée a commencé le 25 mars dernier après l'enlèvement de passagers de plusieurs autobus circulant dans la zone.

«Les opérations en cours ne permettent pas d'établir si les corps trouvés dans les fosses clandestines correspondent aux passagers concernés», selon le communiqué.

Le nombre de victimes pourrait augmenter, car sur un total de huit fosses, le comptage de cadavres n'a été effectué que dans trois d'entre elles, a indiqué à l'AFP un fonctionnaire du parquet sous couvert d'anonymat.

C'est également dans les environs de San Fernando qu'en août dernier, les autorités mexicaines avaient découvert les cadavres de 72 émigrants d'Amérique centrale et du Sud, assassinés selon un survivant par des membres du cartel de narcotrafiquants des Zetas.

L'annonce de cette découverte macabre est tombée mercredi soir alors que des milliers de personnes venaient de participer dans 38 villes du Mexique, selon les organisateurs, à des rassemblements pour demander la fin de la violence.

La lutte engagée par le président mexicain Felipe Calderon dès son arrivée au pouvoir en décembre 2006 contre les narcotrafiquants avec l'appui de 50.000 militaires avait fait plus de 34.600 morts fin 2010, selon les chiffres officiels. Depuis le début de l'année 2011, on a compté plus de 3.000 morts selon des chiffres de la presse mexicaine.

Les manifestations dans tout le Mexique «Pour la paix, contre la violence» ont été convoquées par le poète Javier Sicilia, dont le fils avait été découvert assassiné le 28 mars, près de la ville de Cuernavaca, à 90 km au sud de Mexico. Le corps de Juan Francisco Sicilia, portant des traces de torture, avait été retrouvé avec ceux de six autres personnes, dont quatre jeunes de ses amis, dans une voiture.

Javier Sicilia, a été reçu mercredi matin pendant plus de deux heures par le président Calderon a la résidence présidentielle de Los Pinos. Selon un avocat du poète et journaliste, le président mexicain a donné à Javier Sicilia des détails sur l'enquête concernant la mort de son fils et lui a offert l'appui des autorités fédérales pour l'éclaircissement de l'homicide multiple de Cuernavaca.

Dans l'après-midi, quelque dix mille personnes, selon un journaliste de l'AFP, ont participé à un marche dans le centre de Mexico.

Précédés d'une grande banderole portant l'inscription l'inscription «Calderon assassin de jeunes», les manifestants, porteurs de milliers d'affichettes «Assez de sang!» ont scandé, «Ce gouvernement nous plonge dans l'enfer» ou «Ce n'est pas notre guerre, mais ce sont nos morts».

À Cuernavaca, Javier Sicilia a conduit la manifestation qui a rassemblé environ 5.000 personnes. Plusieurs centaines de personnes se sont aussi rassemblées à Guadalajara (ouest), la second ville du Mexique, avec une immense banderole «Assez de sang».

Selon les organisateurs à Mexico, des rassemblements ont eu lieu dans 38 villes du Mexique, ainsi que devant les sièges diplomatiques du Mexique aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Argentine, au Pérou et au Chili.