Cuba a repris un lent processus de libération des prisonniers politiques interrompu en novembre, avec l'annonce vendredi de la prochaine sortie de prison de deux des opposants qui jusqu'ici refusaient l'exil en Espagne en échange de la liberté.

Angel Moya, un maçon de 46 ans et époux d'une dirigeante des Dames en Blanc, groupe militant de mères et épouses de prisonniers, et Guido Sigler, un économiste de 57 ans dont deux frères avaient aussi été emprisonnés, devraient être libérés «prochainement», a annoncé l'Église catholique qui négocie avec les autorités ce processus de libération.

Tous deux purgeaient depuis 2003 des peines de 20 ans de prison.

Moya a exprimé le souhait de rester à Cuba, tandis que Sigler devrait partir aux États-Unis, rejoindre ses frères Ariel, libéré en juin 2010, et Miguel, relâché en 2005 pour des raisons de santé, précise l'archevêché de La Havane dans un communiqué.

Angel Moya entend «poursuivre la lutte dans sa patrie, en faveur de la liberté et de la démocratie pour son peuple», a assuré à l'AFP son épouse Berta Soler.

«Nous espérions depuis longtemps la libération de Guido et nous respectons totalement la décision qu'il a pu prendre» à propos de son exil éventuel, a indiqué à l'AFP un autre de ses frères, Juan Francisco, par téléphone de la province de Matanzas, à l'est de La Havane, où vit la famille du prisonnier.

«Pour le moment nous ignorons tout de son sort, s'il est encore en prison, s'il est en route vers l'aéroport ou s'il est à La Havane», a-t-il ajouté.

Les deux opposants font partie du groupe de 52 militants considérés comme des prisonniers politiques par Amnesty International que le président cubain Raul Castro s'était engagé à libérer en 2010 à l'issue d'un dialogue inédit avec l'Église.

Sur ces 52 opposants - qui faisaient partie d'un groupe de 75 militants condamnés en 2003 -, 41 ont été libérés. Jusqu'ici, tous sont partis en exil en Espagne, sauf un qui est resté à Cuba.

Ce dernier, Arnaldo Ramos était le dernier à avoir été libéré, le 14 novembre. Il était également le premier à avoir été autorisé à ne pas prendre la route de l'exil vers l'Espagne.

Les deux libérations annoncées vendredi confirment «la poursuite du processus de libération», se félicite l'archevêché de La Havane dans son communiqué, alors que les 52 opposants auraient dû être tous libérés avant la fin 2010, selon l'accord initialement conclu entre l'Église et les autorités.

Cette annonce survient alors que deux autres des 11 prisonniers refusant de partir en Espagne ont commencé mardi une grève de la faim pour obtenir leur libération, selon l'opposition.

Diosdado Gonzalez et Pedro Argüelles ont imité l'épouse du premier, Alejandrina Garcia, qui a cessé de s'alimenter depuis le 28 janvier.

Les Dames en Blanc ont annoncé qu'elles voulaient remettre vendredi aux représentants de l'Église une lettre d'Alejandrina Garcia destinée au pape Benoît XVI, lui demandant d'intervenir pour obtenir la libération de son mari.

Mercredi, l'Église catholique a en outre annoncé la libération prochaine de quatre autres prisonniers, ne faisant pas partie du groupe des 11 et condamnés pour avoir entre autres voulu détourner des bateaux afin d'émigrer.

Seize autres prisonniers condamnés pour piraterie et autres violences avaient déjà été libérés en 2010 après avoir accepté de gagner l'Espagne.

Selon l'opposition, une centaine de dissidents sont toujours incarcérés à Cuba.

Le gouvernement cubain réfute l'existence de prisonniers politiques dans l'île et affirme qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des États-Unis, avec qui La Havane n'entretient plus de relations diplomatiques depuis un demi-siècle.