Vingt-sept membres des Zetas sont morts jeudi dans un affrontement avec les militaires mexicains. Mais, d'ordinaire, ce sont eux, les Zetas, qui sèment la mort. Ce cartel formé par d'ex-militaires a pris l'habitude de décapiter ses victimes avec une scie électrique. Notre collaboratrice dresse le portrait de ces narcotrafiquants sanguinaires.

«Les Zetas, ils sont tellement abjects que même leur mère les déteste», a affirmé un narcotrafiquant capturé récemment par la police mexicaine. Ce nouveau cartel, d'ores et déjà l'un des plus importants du pays, est en effet réputé pour ses pratiques barbares.

La cruauté des Zetas a éclaté à la face du monde le 24 août dernier, lorsque les corps de 72 migrants d'Amérique centrale et du Sud qu'ils avaient massacrés ont été découverts dans le nord du Mexique. Auparavant, ils les avaient séquestrés et forcés à travailler pour eux.

Au départ, en 1994, les Zetas formaient une unité d'élite de l'armée mexicaine, entraînée par la CIA aux techniques de combat. Recrutés par le cartel du Golfe à la fin des années 90, ils ont conservé leur nom de code et sont devenus tueurs à gages.

Alors qu'ils n'étaient qu'une trentaine de déserteurs à leurs débuts, il est aujourd'hui impossible de les dénombrer. Mais les plus de 6000 assassinats qu'on leur attribue permettent de se faire une idée du rythme auquel leurs rangs ont grossi.

Dans son livre Chroniques sanguinaires, le journaliste Ricardo Ravelo, qui enquête sur le narcotrafic, décrit la façon dont les Zetas gagnent du terrain au Mexique: «Après avoir mis la police à leur service, les Zetas obtiennent une certaine protection et impunité et se concentrent sur ce qu'ils savent le mieux faire: menacer, kidnapper, extorquer et tuer. Tuer avec leur marque caractéristique: ils décapitent leurs victimes avec une scie électrique, puis exhibent leurs têtes sur la voie publique pour propager la terreur.»

Après une dizaine d'années de bons et loyaux services à la solde du cartel du Golfe, les Zetas se sont constitués, début 2010, comme une organisation criminelle à part entière. Les heurts avec leurs anciens alliés a mis à feu et à sang le nord-est du Mexique.

Dans le reste du pays, les Zetas affrontent le tout-puissant cartel de Sinaloa, dirigé par Joaquin Guzman, surnommé «El Chapo», le narcotrafiquant le plus recherché par les États-Unis.

Les 27 Zetas que les militaires ont abattus jeudi séquestraient trois personnes dans une propriété qui leur servait de camp d'entraînement dans l'État de Tamaulipas (Nord-Est). Les enlèvements comptent parmi les principales sources de financement de ce groupe.

«Le cartel du Golfe a cédé aux Zetas des territoires où ils ont étendu leurs activités criminelles», explique Martín Gabriel Barrón, spécialiste du crime organisé à l'Institut national des sciences pénales de Mexico. Après la scission des deux organisations, les Zetas ont accru leur domination.

«Plus aucun gang, aucun délinquant ne peut agir de manière indépendante», analyse cet expert. Leurs activités couvrent tous les secteurs de la criminalité.

«En plus du trafic de la drogue, ils chapeautent la délinquance commune, le marché des objets volés et des produits piratés, la prostitution et la traite d'être humains ainsi que les enlèvements», précise M. Barrón.