Au moins neuf Haïtiens sont morts et 70 portés disparus, au large des îles Turks et Caïcos, après le naufrage lundi d'un bateau de fortune qui transportait environ 200 clandestins, fuyant le pays le plus pauvre du continent américain.

Les sauveteurs ont secouru dans la nuit de lundi à mardi 113 survivants à quelque 3,7 km au sud-est des îles Turks et Caïcos, situées à environ 160 kilomètres au nord d'Haïti, a précisé mardi à l'AFP une porte-parole des garde-côtes américains, Jennifer Johnson.

Parmi ces survivants, les quatre blessés les plus graves ont été évacués par hélicoptère.

Neuf corps avaient été retrouvés mardi à la mi-journée et les garde-côtes continuaient de prêter main forte aux autorités locales pour tenter de localiser 79 clandestins toujours portés disparus, sur les 160 à 200 personnes qui se trouvaient à bord de l'embarcation surchargée qui a chaviré lundi, ont précisé les garde-côtes américains dans un communiqué.

Selon la police locale des îles britanniques des Turks et Caïcos, au moins «dix personnes» auraient été tuées et «70 portées disparues».

Les autorités locales avaient averti les garde-côtes lundi à 14H52 (18H52 GMT) qu'un «grand nombre de personnes se trouvaient à la mer», ajoute le communiqué.

Un hélicoptère HH-65 Dolphin parti de Miami, des avions HC-130 Hercules et Falcon HU-25 ainsi qu'un navire des garde-côtes, le Cutter Vailant, se trouvaient mardi sur la zone du naufrage pour participer aux recherches, ont indiqué les autorités américaines.

Selon les éléments recueillis auprès des survivants, le bateau surchargé avait quitté Haïti avec 160 personnes à bord puis s'était arrêté en chemin pour embarquer une quarantaine d'autres passagers. Le frêle esquif se dirigeait probablement vers les Bahamas ou la côte sud-est des États-Unis. «Ces embarcations (...) n'ont pas de moteur. Elles sont équipées de voiles de fortune et donc, ils (les émigrants) vont où le navire les emporte...», a relevé Jennifer Johnson.

Chaque année, plusieurs centaines d'Haïtiens, fuyant le pays le plus pauvre du continent américain, tentent de franchir illégalement sur des embarcations surchargées les 1000 kilomètres qui séparent l'île déshéritée des États-Unis.

Haïti, où plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté (2 dollars par jour) et plus de 70% des adultes sont au chômage, est de plus frappée presque tous les ans par des ouragans dévastateurs.

Déjà, le 11 juillet, neuf Haïtiens avaient péri et une trentaine disparu après le naufrage de leur bateau entre Belle-Anse et Marigot, au sud-est d'Haïti. La vieille embarcation, baptisée «La volonté de Dieu», avait chaviré et coulé parce que surchargée.

Neuf autres clandestins haïtiens, partis des Bahamas, s'étaient noyés à la mi-mai au large de Palm Beach, en Floride, dans les mêmes circonstances. Cette fois, deux Haïtiens, Jimmy Metellus, 33 ans, et Jean Morange Nelson, 32 ans, avaient été interpellés en Floride et incarcérés, accusés de trafic d'immigrants vers les Etats-Unis. Ils risquent vingt ans de prison ou la peine de mort.

Du côté des candidats à l'exil, beaucoup devraient continuer à prendre la mer vers les États-Unis, poussés par la misère. En dépit des risques encourus.