(Harare) Le président du Zimbabwe a déclaré mercredi l’état de catastrophe nationale, le pays d’Afrique australe étant en proie à une grave sécheresse liée au phénomène climatique El Niño, qui a fait resurgir le spectre de la faim pour des millions de personnes.

Le Zimbabwe est le troisième pays d’Afrique australe à déclarer l’état de catastrophe naturelle, après le Malawi et la Zambie, en lien avec la sécheresse.  

« Je déclare l’état de catastrophe nationale en raison de la sécheresse liée à El Niño », a déclaré Emmerson Mnangagwa lors d’une conférence de presse. Cette mesure permet principalement de débloquer des ressources exceptionnelles pour faire face à la crise.

« Aucun Zimbabwéen ne doit succomber à la faim », a poursuivi le président. Plus de 2,7 millions de personnes manqueront de nourriture à cause des pluies faibles et les récoltes de céréales ne devraient nourrir qu’à peine plus de la moitié de la population, a alerté le chef de l’État.

Faute de pouvoir s’approvisionner auprès des fournisseurs traditionnels de Zambie et du Malawi, les minotiers zimbabwéens ont par ailleurs importé du maïs OGM d’Afrique du Sud.  

Mais Tafadzwa Mabhaudhi, expert en climat et en agriculture de l’université sud-africaine de KwaZulu-Natal, a souligné que l’Afrique du Sud ne disposait que d’un excédent limité à exporter vers ses voisins.  

« L’importation de maïs signifie également (au Zimbabwe, NDLR) une augmentation des prix des denrées alimentaires, ce qui aura un impact sur la sécurité alimentaire des populations pauvres, qui ont déjà du mal à s’offrir une alimentation saine », a-t-il déclaré.  

En mars, les petits agriculteurs zimbabwéens des régions touchées avaient déclaré qu’ils avaient déjà du mal à nourrir leurs familles, après l’échec de leurs récoltes et la montée en flèche des prix des denrées alimentaires.

PHOTO TSVANGIRAYI MUKWAZHI, ASSOCIATED PRESS

Plus de 2,7 millions de personnes manqueront de nourriture à cause des pluies faibles et les récoltes de céréales ne devraient nourrir qu’à peine plus de la moitié de la population, a alerté le chef de l’État.

Le secteur agricole au Zimbabwe a été durement affaibli par la réforme agraire lancée par Robert Mugabe après l’indépendance, avec l’éviction de milliers de fermiers blancs pour redistribuer la terre à des fermiers noirs sous-équipés et insuffisamment formés.  

Le gouvernement incite désormais les agriculteurs à réorienter les cultures vers des céréales plus résistantes comme le sorgho et compte sur la construction de deux barrages lancée en 2018 dans la région de Kanyemba mais qui a pris du retard avec la COVID-19.  

Début mars, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait averti que les conditions météorologiques globalement sèches début 2024 en Afrique australe associées au phénomène climatique El Niño « devraient aggraver l’insécurité alimentaire ».

Des zones de culture majeures au Malawi, au Mozambique, en Namibie, en Zambie et au Zimbabwe « n’ont reçu que 80 % des précipitations moyennes entre la mi-novembre 2023 et février 2024 », période estivale dans l’hémisphère Sud, a souligné la FAO.