(Nairobi) Des « rapports crédibles » qui auraient pu empêcher la mort au Kenya de plus de 400 adeptes d’une secte évangélique ont été ignorés par les autorités de ce pays d’Afrique de l’Est, a accusé vendredi la Commission nationale des Droits de l’Homme du Kenya (KNCHR), pointant du doigt des « négligences ».

Un total de 429 corps ont été retrouvés depuis l’an dernier dans la forêt de Shakahola (sud-est), près de la ville de Malindi, où le pasteur Paul Nthenge Mackenzie prônait de jeûner jusqu’à la mort pour « rencontrer Jésus » avant la fin du monde qu’il annonçait pour août 2023.  

Les premiers corps doivent être rendus aux familles le 26 mars.

La KNCHR, organisme officiel mais indépendant, a accusé des agents de sécurité de Malindi « d’avoir failli à leurs devoirs de manière flagrante et de négligences ».  

« Non seulement ils n’ont pas été proactifs dans la collecte de renseignements et n’ont pas agi sur la base de renseignements pour empêcher le massacre de Shakahola, mais ils n’ont pas non plus donné suite, de manière injustifiée, à des rapports crédibles », a déclaré la présidente de la KNCHR, Roseline Odede, lors d’une conférence de presse à Nairobi.  

Ces manquements « ont laissé les adeptes de Mackenzie sous son contrôle total et celui de sa milice », a pointé du doigt la KNHRC.  

Une ancienne adepte de Paul Nthenge Mackenzie avait « désespérément » tenté de tirer la sonnette d’alarme mais ses déclarations ont été ignorées, selon la KNCHR.  

« Au lieu d’enquêter sur la véracité des questions soulevées, la dame a été intimidée après avoir été accusée d’avoir porté des accusations sans fondement », a déclaré Roseline Odede.  

Le KNCHR « regrette qu’aucune sanction connue n’ait été prise contre les officiers qui ont failli à leur devoir qui était de protéger des centaines de personnes, dont des enfants disparus, morts ou profondément traumatisés ».  

Paul Nthenge Mackenzie, en détention depuis le 14 avril 2023, est notamment poursuivi pour « terrorisme », « torture » et « cruauté » sur enfants.  

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Paul Nthenge Mackenzie

Les autopsies ont révélé que la majorité des victimes sont mortes de faim, vraisemblablement après avoir suivi ses prêches mais certaines, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées.