(Durban) Cinq jours après le début des inondations en Afrique du Sud qui ont fait près de 400 morts et 41 000 sinistrés, les recherches de disparus dans le chaos des destructions se sont intensifiées vendredi, l’espoir de retrouver des survivants s’amenuisant.

Au moins 55 personnes sont encore recherchées. L’armée avec des hélicoptères et plus de 4000 policiers ont été déployés. Mais déjà, le travail des secouristes qui ratissent le terrain au peigne fin consiste principalement à récupérer des corps.

« Le nombre de décès continue d’augmenter, le dernier bilan s’élève à 395 morts », ont annoncé les autorités. La plupart des victimes ont été enregistrées dans la région de Durban, ville portuaire du KwaZulu-Natal (KZN) ouverte sur l’océan Indien, frappée par de fortes pluies qui ont commencé le week-end dernier.

Le président Cyril Ramaphosa en déplacement dans le Mpumalanga (nord-est) à l’occasion des fêtes de Pâques, a déploré une catastrophe « jamais vue auparavant dans le pays » et appelé à prier pour les victimes.  

De nouvelles pluies sont attendues sur une grande partie de la province. L’institut météorologique sud-africain a mis en garde contre des orages et de nouveaux risques d’inondations pendant le week-end. Des vents forts sont aussi annoncés le long de la côte, les intempéries devant s’étendre aux provinces voisines du Free State (centre) et de l’Eastern Cape (sud-est), où un mort a déjà été signalé.

PHOTO ROGAN WARD, REUTERS

Des résidants du township de Dakota, à Durban, sortent un tapis d’une maison inondée pour le faire sécher.

Les autorités craignent que ces nouvelles intempéries ne ralentissent encore des opérations de secours ralenties par des infrastructures endommagées et un accès difficile.  

L’opérateur public de transport, Transnet, a déclaré progresser dans la réparation des principaux axes. Le ministre des Transports a affirmé que la priorité serait mise sur la réhabilitation des ponts. L’activité au port, un des premiers d’Afrique, a partiellement repris. Les autorités tablent sur des centaines de millions d’euros de dommages.  

« Trente minutes »

Quelque 4000 maisons ont été rasées, plus de 13 500 endommagées, mettant des milliers de gens à la rue, selon le ministère du Logement. Des hébergements d’urgence ont été ouverts mais la place manque. Certains dorment depuis plusieurs jours sur des chaises ou des bouts de carton posés à même le sol.

Dans certaines zones, l’eau et l’électricité sont coupées depuis lundi. Des personnes désespérées ont été vues puisant de l’eau à même des canalisations éventrées. L’état de catastrophe a été déclaré.

À Isipingo dans la banlieue de Durban, une queue s’est formée à l’arrière d’un camion : sacs de riz, pâtes, sucre, mais aussi de l’eau et des matelas ont été distribués.

PHOTO RAJESH JANTILAL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des bénévoles enlèvent des débris sur la plage North Beach de Durban.

« L’eau a commencé à déborder, le lac et la rivière ont comme explosé, tout s’est passé en l’espace de 30 minutes », raconte à l’AFP Mohammed Parakh, dans la file.  

La veille, des manifestations sporadiques ont éclaté pour réclamer de l’aide. La ville de Durban a appelé « à la patience », les opérations de secours étant ralenties « en raison de l’étendue des dégâts sur les routes ». Les autorités locales ont appelé aux dons.  

Des pillages ont été signalés. La région avait déjà connu des destructions massives en juillet lors d’une vague inédite d’émeutes et de pillages.

Dans la matinée, des volontaires armés de gants et de sacs poubelle ont commencé à nettoyer les plages de Durban, habituellement prisées des familles et des touristes.  

« C’est ma plage, celle où j’amène mes enfants, là où nous passons nos week-ends », explique Morne Mustard, un informaticien de 35 ans, parmi les bénévoles de la plage populaire de Umhlanga.  

Il a survécu au déluge, « une dévastation absolue, un spectacle horrible », dit-il en décrivant toutes sortes de détritus et objets, balais, ustensiles, charriés par les eaux vers la plage.  

L’Afrique australe est régulièrement en proie à des tempêtes meurtrières pendant la saison cyclonique de novembre à avril. Mais l’Afrique du Sud est généralement épargnée par ces évènements climatiques extrêmes qui se forment au-dessus de l’océan Indien.