(Dar es-Salaam) Le chef du principal parti d’opposition tanzanien, qui est jugé pour terrorisme, a affirmé lundi devant le tribunal avoir été torturé en détention et avoir enregistré des déclarations sous la contrainte, a déclaré son avocat.   

Freeman Mbowe est en détention depuis le 21 juillet, date à laquelle il a été arrêté avec d’autres hauts responsables du parti Chadema, après avoir appelé à un rassemblement pour demander des réformes constitutionnelles.

L’homme de 59 ans est accusé de « financement du terrorisme » et « complot terroriste ».  

PHOTO EMMANUEL HERMAN, ARCHIVES REUTERS

Le chef du principal parti d’opposition tanzanien, Freeman Mbowe, à son arrivée au tribunal du quartier de Kisutu, à Dar Es-Salaam, en Tanzanie, le 10 mars 2021, où il a été accusé d’activités terroristes.

Lors de leur comparution devant le tribunal de Dar es-Salaam lundi, Mbowe et ses trois co-accusés ont accusé le parquet de lire des déclarations dictées sous la contrainte, selon l’avocat de M. Mbowe, Peter Kibatala.

« Ils ont dit à la cour qu’ils avaient été torturés, humiliés et forcés d’enregistrer ces déclarations », a déclaré Me Kibatala aux journalistes après l’audience. « Il ne s’agissait pas de leurs déclarations volontaires ».  

Le procès doit être transféré devant la Haute Cour, mais aucune date n’a été fixée pour une nouvelle audience.

La défense a déclaré avoir déposé une requête demandant l’abandon des charges et l’annulation du procès, accusant implicitement la présidente Samia Suluhu Hassan de s’être mêlée de l’affaire.  

Le parquet a de son côté assuré que les accusations portées contre Freeman Mbowe n’étaient « pas politiques » et résultaient d’une enquête de près d’un an.

La Tanzanie de John Magufuli, l’ancien président décédé en mars, était marquée par une politique autoritaire, particulièrement rude envers les médias, les critiques et, plus généralement, la liberté d’expression.

Peu après son arrivée, Mme Hassan a, elle, promis de défendre libertés et démocratie. Mais l’espoir d’un renouveau politique dans ce pays a été terni par l’arrestation de M. Mbowe.

La semaine dernière, le gouvernement, invoquant les restrictions sanitaires, a défendu aux diplomates étrangers d’assister au procès sans en avertir le ministère des Affaires étrangères.