Un journaliste burundais a été arrêté vendredi par l'armée à une vingtaine de kilomètres de Bujumbura avant d'être remis au Service national de renseignement (SNR) qui le détient depuis, a appris l'AFP auprès de sa radio et de la police.

Blaise Célestin Ndihokubwayo, journaliste de radio Isanganiro, a été arrêté vers 12h30 par des soldats dans la commune de Mugongomanga dans la province de Bujumbura (ouest), alors qu'il revenait d'un reportage de plusieurs jours à l'intérieur du pays.

Âgé d'une trentaine d'années, ce journaliste a ensuite été remis à la police avant d'être transféré au SNR, la police présidentielle du Burundi, selon le site d'information de radio Isanganiro.

«Notre journaliste a été acheminé dès hier dans les cachots du SNR à Bujumbura où il a passé la nuit, (...), et on a cherché à savoir pourquoi, mais personne ne nous a donné le motif de son arrestation», a expliqué à l'AFP le directeur de cette radio, Samsom Maniradutunga.

Radio Isanganiro est une des principales stations privées indépendantes du Burundi. Accusées d'avoir soutenu la contestation au 3e mandat du président Pierre Nkurunziza, elles ont été toutes détruites par les forces loyalistes le 13 mai lors d'une tentative ratée de coup d'état militaire au Burundi.

Aucun responsable des services de sécurité burundais joints par l'AFP samedi n'a souhaité s'exprimer.

«J'ai pu voir Blaise ce matin (samedi), sans pouvoir lui parler. Il a pu juste me dire qu'il était détenu jusqu'ici dans de bonnes conditions», a poursuivi M. Maniradutunga

Selon un haut gradé des services de sécurité, qui a requis l'anonymat, «ce journaliste n'avait rien à faire dans cette province de Bujumbura, alors que sa radio ne fonctionne plus».

Mais le directeur de radio Isanganiro a rappelé que ses «journalistes continuent de travailler pour le site web, en toute légalité».

Le journaliste arrêté se trouvait dans la province de Bujumbura rural, où des affrontements ont opposé pour la première fois depuis le début de la crise actuelle les forces de l'ordre à une rébellion naissante, il y a une semaine.

La candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat controversé a plongé fin avril le Burundi dans une crise qui a déjà fait au moins 200 morts. Une brutale répression et sa réélection en juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences.

Depuis mai, presque tous les médias indépendants sont réduits au silence et de nombreux journalistes, cibles de menaces ou d'attaques, ont fui le pays ou se cachent.