Dix-sept des 38 victimes de l'attentat perpétré vendredi sur une plage en Tunisie ont été identifiées et parmi elles figurent notamment des Britanniques, des Belges et des Allemands, ont annoncé samedi les autorités sans toutefois fournir un décompte par nationalité.

La nationalité de la plupart des victimes n'a pas encore été formellement établie, la plupart d'entre elles, en tenue de plage au moment du carnage, n'ayant pas leurs papiers sur elles.

Ces personnes sont «de nationalités britannique, allemande, irlandaise, belge et portugaise», précise le communiqué, sans fournir de bilan plus détaillé.

Un responsable du ministère avait auparavant indiqué à l'AFP que 12 corps avaient été identifiés: neuf Britanniques, une Belge, un Allemand et une Irlandaise.

Parallèlement, le Foreign Office a annoncé qu'au moins 15 Britanniques figuraient parmi les victimes.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a confirmé qu'il y avait «au moins un Allemand» parmi les victimes, sans exclure qu'il y en ait d'autres.

Le premier ministre tunisien, Habib Essid, avait évoqué dans la nuit de possibles victimes françaises, mais le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré samedi qu'il n'y en avait pas pour l'heure. «Mais il faut rester très prudent (...) compte tenu des circonstances», a-t-il ajouté.

Selon un dernier bilan provisoire du ministère de la Santé, 39 personnes ont été blessées: 25 Britanniques, sept Tunisiens, trois Belges, une personne de nationalité allemande, une de nationalité ukrainienne, une autre de nationalité russe et enfin une personne non identifiée.

Quelque 23 blessés avaient quitté l'hôpital samedi, selon le communiqué du ministère.

Des milliers de touristes quittent la Tunisie

Des milliers de touristes étrangers quittaient la Tunisie samedi au lendemain d'un carnage dans un hôtel revendiqué par le groupe extrémiste Etat islamique, qui a coûté la vie à 38 personnes, dont au moins 15 Britanniques.

Près de 20 000 Britanniques se trouvaient en voyage organisé en Tunisie au moment du drame, en plus des personnes voyageant à titre individuel, selon l'Association des agences de voyages britanniques ABTA. Samedi soir, les voyagistes Thomson, First Choice, et Jet2 avaient rapatrié environ 1200 personnes. D'ici dimanche, ce sont au moins 2500 de leurs clients qui devraient avoir quitté le pays, ont-elles ajouté.

Signe de l'implication britannique, Scotland Yard a dépêché un «grand nombre de policiers en Tunisie pour assister les autorités tunisiennes et conduire (notre) propre enquête», selon un porte-parole.

Au total, 17 victimes ont été identifiées, selon le ministère tunisien de la Santé, qui n'a pas fourni de décompte par nationalité, se contentant d'affirmer qu'il s'agissait de personnes «de nationalités britannique, allemande, irlandaise, belge et portugaise».

Toutes se trouvaient sur la plage ou au bord des piscines de l'hôtel Riu Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, près de Sousse (140 km au sud de Tunis), lorsqu'un étudiant tunisien a ouvert le feu et perpétré le pire attentat de l'histoire récente de la Tunisie.

L'attaque a porté un nouveau coup au secteur vital du tourisme, trois mois après celle contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts, dont 21 touristes), aussi revendiquée par l'EI. Déjà moins nombreux sur les côtes tunisiennes depuis la révolution de 2011, les touristes ont commencé à partir dès la nuit de vendredi à samedi.

Le flot de départs des hôtels s'est poursuivi samedi.

Le voyagiste belge Jetair - qui a annoncé l'annulation de tous ses vols vers la Tunisie jusqu'au 31 juillet inclus - devait terminer de rapatrier tôt dimanche matin quelque 2000 clients, 1200 d'entre eux étant déjà rentrés. Huit cents autres devaient décoller dans la nuit pour la Belgique, qui a déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Tunisie.

«À la place (des touristes), je ne mettrais plus les pieds en Tunisie en cette période. C'est normal qu'ils partent rapidement après cette catastrophe. Ils viennent pour passer des vacances ou pour mourir?», a lancé en colère Imed Triki, un commerçant de Sousse.

Samedi soir, à Tunis, quelque 200 Tunisiens se sont rassemblés à l'appel du Front populaire (gauche) contre l'extrémisme. «La Tunisie est libre, le terrorisme dehors» scandaient les manifestants. «Les victimes sont nos frères et nos soeurs en humanité», a dit à l'AFP Karima Benhajj, une manifestante de 30 ans.

«Défaillances sécuritaires»

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé, outre les 38 morts, 39 personnes ont été blessées dont 25 Britanniques, sept Tunisiens et trois Belges.

Se faisant passer pour un vacancier selon les autorités, un étudiant qui avait caché son arme dans un parasol a ouvert le feu sur les clients sur la plage puis au bord des piscines de l'hôtel. Il a été ensuite abattu.

«Ce qui s'est passé est le signe de défaillances sécuritaires (...). Il faut que nous nous remettions en question», a jugé Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahda, deuxième force politique du pays.

La propriétaire de l'hôtel a, elle, défendu ses gardiens qui «ne sont pas armés». «Comment voulez-vous qu'ils puissent tenir tête ou se défendre contre quelqu'un avec une kalachnikov?», a ajouté Zohra Driss lors d'une conférence de presse.

L'attentat a eu lieu le même jour qu'un autre revendiqué par l'EI contre une mosquée chiite au Koweït (26 morts) et qu'une attaque avec décapitation d'un homme en France, à trois jours du 1er anniversaire du «califat» proclamé par l'EI sur des territoires en Syrie et en Irak.

Dans sa revendication, l'EI a affirmé qu'un «soldat du califat» avait tué «des sujets des États de l'alliance croisée», en référence à la coalition internationale antijihadistes qui bombarde ses fiefs en Syrie et en Irak.

Le premier ministre tunisien Habib Essid, dont le pays voit monter la menace jihadiste depuis 2011, a annoncé des mesures pour renforcer la sécurité, dont la fermeture d'environ 80 mosquées accusées d'«inciter au terrorisme» et le recours à l'armée de réserve.

L'auteur présumé de l'attentat a été identifié comme Seifeddine Rezgui, un Tunisien né en 1992 et étudiant à Kairouan (centre). Inconnu des services de police, il a agi seul «a priori», selon le secrétaire d'État aux affaires sécuritaires Rafik Chelly.

Il visait seulement les touristes, a raconté un témoin tunisien. «Le terroriste nous a dit: 'Éloignez-vous, je ne suis pas venu pour vous'. Il ne nous a pas tirés dessus, il a commencé à tirer sur les touristes».

PHOTO FETHI BELAID, AFP

Des touristes britanniques s'apprêtaient à quitter la Tunisie, samedi, au lendemain d'un attentat dans un hôtel revendiqué par l'EI qui a fait 38 morts, dont un grand nombre de leurs compatriotes.