Le Royaume-Uni, la France, l'Espagne et les États-Unis ont réclamé des sanctions onusiennes contre deux Libyens accusés d'entraver les pourparlers visant à doter leur pays d'un gouvernement d'union nationale, ont rapporté des diplomates jeudi.

Cette demande intervient alors que Benardino Leon, le médiateur de l'ONU pour la Libye, cherche à trouver un accord entre les deux parlements et gouvernements rivaux qui se disputent le pouvoir dans le pays en plein chaos.

Un nouveau cycle de discussions s'ouvrira lundi à Rabat et M. Leon espère trouver un terrain d'entente avant le début du ramadan le 17 juin. Il s'est félicité de progrès jeudi après deux jours de pourparlers à Alger. Mais «la route est encore longue» tempérait un diplomate du Conseil de sécurité de l'ONU à New York.

Les sanctions réclamées par Londres, Paris, Madrid et Washington visent Adboul Rahman Swehli, un homme politique originaire de Misrata et Othman Maliqta, commandant d'une des brigades de Zenten (ouest).

Les deux hommes ne sont pas des personnalités de premier rang, mais une interdiction de voyager et un gel de leurs avoirs «enverraient le signal clair que les entraves au processus politique ne seront pas tolérées», a expliqué la mission américaine à l'ONU dans une lettre au Comité de sanctions du Conseil de sécurité.

Ce comité a donné jusqu'à 15 h 00 (heure de Montréal) vendredi aux quinze membres du Conseil de sécurité pour s'opposer aux sanctions.

Abdoul Rahman Swehli est à la tête d'un parti politique qui aurait appuyé l'offensive de la coalition de milices Fajr Libya contre le terminal pétrolier d'Al-Sedra, dans l'est de la Libye, ayant entravé les négociations en février.

Fajr Libya a pris le pouvoir l'été dernier à Tripoli et y a installé de nouveaux gouvernement et Parlement, poussant les autorités reconnues par la communauté internationale à s'exiler dans l'est du pays.

Othman Maliqta commandait lui des forces ayant attaqué en mai 2014 le parlement à Tripoli, à coups de tirs de roquettes et de mortiers.

La Libye, qui s'enfonce dans la violence depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, fait face à un exode massif de migrants profitant de l'instabilité pour tenter de rallier l'Europe depuis ses côtes.

Le groupe djihadiste État islamique (EI) a par ailleurs exploité le chaos ambiant pour prendre pied dans le pays, où il contrôle notamment des zones dans la région de Syrte, à l'est de Tripoli.