L'ex-président égyptien Hosni Moubarak sera rejugé, pour complicité dans le meurtre de centaines de manifestants en 2011, par la Cour de cassation qui a annulé jeudi l'abandon des accusations ordonnées il y a six mois par un tribunal.

En juin 2012, l'ex-raïs avait été condamné en première instance à la prison à vie pour complicité dans le meurtre de centaines de manifestants durant la révolte populaire de 2011 qui l'avait chassé du pouvoir. Le 29 novembre 2014, un autre tribunal qui le rejugeait avait finalement ordonné l'abandon de ces accusations, blanchissant ainsi M. Moubarak.

Le parquet avait introduit un recours en cassation. «La Cour accepte le recours du procureur et se penchera à nouveau sur ce cas le 5 novembre», a déclaré le juge de la cour de Cassation Anwar el-Gabry, annulant de facto le jugement du 29 novembre.

Selon les avocats de M. Moubarak, il n'était pas clair à ce stade si la Cour doit prononcer son verdict à cette date du 5 novembre après avoir jugé, ou si elle ouvrira alors un nouveau procès.

Âgé de 87 ans, l'ancien président est actuellement détenu dans un hôpital militaire du Caire. Il a été condamné avec ses deux fils, Alaa et Gamal, à trois ans de prison dans une affaire de corruption.

Jeudi, la cour a également confirmé l'acquittement prononcé en novembre en faveur des sept co-accusés de Moubarak, dont son ministre de l'Intérieur d'alors, Habib al-Adly.

L'abandon des accusations en novembre avait provoqué l'émoi dans ce qui reste de l'opposition en Égypte depuis que l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, devenu chef de l'État, a destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi en 2013 et réprime ses partisans, mais également toute opposition laïque et libérale.

Depuis la destitution de M. Morsi, la justice égyptienne a régulièrement blanchi ou condamné à de légères peines de prison M. Moubarak ou des responsables de son régime, principalement dans des affaires de corruption.

Parallèlement, les défenseurs des droits de l'homme accusent le pouvoir d'instrumentaliser la justice dans la répression implacable lancée contre les pro-Morsi. L'ONU a qualifié les procès de masse expéditifs qui ont condamné des centaines de pro-Morsi à mort depuis 2013 de «sans précédent dans l'histoire récente» du monde. Et Amnistie internationale a fustigé une «mascarade de justice» quand un tribunal a infligé la peine capitale à M. Morsi et à une centaine d'autres pour leur rôle dans des évasions de prison et des violences durant la révolte de 2011.

Officiellement, 846 manifestants anti-Moubarak avaient alors été tués en 18 jours de révolte début 2011.

Depuis la destitution de M. Morsi, le premier président élu démocratiquement, plus de 1400 manifestants pro-Morsi ont été tués et plus de 15 000 de ses partisans emprisonnés.